La question de l'absentéisme scolaire agite à nouveau le landerneau. L'idée de supprimer les allocations familiales aux familles dont les enfants font un peu trop souvent l'école buissonnière refait surface, comme un bon vieux serpent de mer. Evidemment, il est plus facile d'agiter des chiffons rouges que de prendre le temps de réfléchir. Essayons pourtant de raisonner tranquillement: pourquoi certains enfants ne vont-ils pas à l'école? Pourquoi est-ce un problème? Et que peut-on bien faire pour y remédier?
Pourquoi certains enfants ne vont-ils pas à l'école? Cette question de l'absentéisme scolaire a reçu une attention particulière avant tout chez les économistes du développement. L'éducation est en effet la pierre angulaire du développement, et comprendre pourquoi les enfants ne vont pas à l'école alors même que l'enseignement est obligatoire et gratuit est un enjeu majeur pour les politiques éducatives des pays en voie de développement. Esther Duflo (que l'on félicite au passage) explique très bien dans le premier chapitre de son bouquin à la République des Idées les différentes raisons qui peuvent expliquer pourquoi les enfants pauvres désertent les salles de classe dans ces pays: programmes scolaires inadaptés, absentéisme des professeurs, coût d'opportunité du travail des enfants, coûts d'équipement (uniformes ou livres), etc. Dans les pays développés, la plupart de ces facteurs sont évidemment moins déterminants. Et la plus grosse partie du problème se joue sans nul doute au niveau de la relation parents/enfants.
Il y a fondamentalement deux types de raisons qui peuvent expliquer que cette relation parent/enfant ne fonctionne pas de manière optimale en termes de choix d'éducation. Le premier écueil peut provenir du fait que les parents eux-mêmes ne poussent pas les enfants à aller à l'école parce qu'ils ne perçoivent pas correctement les bénéfices du fait d'aller à l'école. Il me semble assez peu probable que ce soit l'explication principale de l'absentéisme scolaire en France, car les parents semblent percevoir assez bien les dangers de voir leurs enfants quitter l'école et traîner dans la rue. Pour autant, ce peut être une partie de l'explication, dans les pays en développement notamment. Mais dans ce cas, la politique adéquate à mettre en place est une politique d'information plutôt que de répression. Jensen a par exemple montré que les bénéfices scolaires sont clairement sous-estimé en République Dominicaine et qu'en fournissant de l'information sur les bénéfices réels, il était possible de réduire l'absentéisme chez les élèves les moins pauvres. (Cf. une fois de plus le bouquin d'E. Duflo qui évalue l'efficacité des différentes manières possibles d'informer les parents sur les bénéfices de scolariser leurs enfants.)
Le deuxième problème, qui à mon sens est le nerf de la guerre, c'est que les parents ne parviennent pas a contrôler correctement les actions de leurs enfants. C'est ce qu'on appelle communément chez les économistes un "problème d'agence" des plus classiques. Les parents ("le principal") veulent mettre leur enfant (l'agent) à l'école. Mais, premièrement, l'agent et le principal ont des objectifs divergents (l'enfant veut aller brûler des voitures parce que c'est plus marrant que d'apprendre les identités remarquables) et deuxièmement, le principal ne peut pas contrôler parfaitement les actions de l'agent (il y a asymétrie d'information, parce que l'enfant peut sécher sans que les parents s'en rendent complètement compte) et donc il y a risque d'aléa moral du point de vue de l'agent, c'est-à-dire que l'enfant va choisir un niveau de présence scolaire inférieur à celui souhaité par les parents. Les parents peuvent exercer un monitoring plus ou moins important pour tâcher de réduire cet aléa moral, mais ce monitoring est coûteux (conflits au sein du foyer, coût d'opportunité du temps passé à être derrière les enfants, etc...). Quelle est donc la meilleure solution pour atténuer ce problème d'agence?
La première solution c'est le paternalisme bien conservateur, c'est-à-dire punir les parents dont on soupçonne le monitoring de n'être pas suffisamment efficace. On peut donc à peu près tout envisager ici, et je m'étonne presque de ne pas encore avoir vu dans le programme de l'UMP des propositions telles que déchoir de leur nationalité française ces pourritures de parents polygames dont les enfants désertent les cours de recré, ou encore châtrer les pères de famille dont les enfants sèchent l'école... De manière un peu moins radicale, on peut aussi envisager de sucrer les allocations familiales aux parents dont les enfants sont trop souvent absents. L'idée de base, c'est que du fait du coût de monitoring, le niveau de contrôle choisi par les parents est socialement sous-optimal, du coup il faut forcer les parents à être plus dur avec les enfants, et pour ce faire on créé une amende qui génére une incitation pour le principal à choisir un niveau de monitoring plus élevé. Dans le monde de l'entreprise (ou un problème similaire d'agence existe entre les actionnaires (le principal) et les dirigeants (l'agent)), l'équivalent d'un tel schéma serait d'imposer une amende aux actionnaires qui n'exercent pas leur droit de vote afin de les obliger à monitorer plus directement les actions du principal. C'est pas idiot en soi. Mais dans le cas de l'absentéisme scolaire, il est peu probable que ce soit efficace. D'abord parce que ce type de mesure n'est vraiment efficace que lorsque le niveau de contrôle choisi par le principal (les parents, les actionnaires) est vraiment très inférieur au niveau optimal. C'est sans doute le cas pour les petits actionnaires, car le coût d'aller voter est bien supérieur aux bénéfices qu'une voix parmi des milliers risque d'apporter en termes de contrôle sur la politique des dirigeants. C'est je pense beaucoup moins vrai dans le cas des familles, car pour les parents, le coût de l'absentéisme scolaire est vraiment très visible, immédiat et plutôt correctement perçu par les parents. Ensuite parce que ce type de mesure n'est efficace que lorsque les problèmes de contrôle (les asymétries d'informations) sont faibles. (En gros, pour ceux que cela intéresse, ce type de mesure est optimal lorsqu'il n'y a aucun problème d'information et que donc le "rotten-kid theorem" de Becker s'applique). Par ailleurs, du point de vue de la justice sociale, ca me paraît très sous-optimal d'instituer une forme de double-peine de la sorte. S'il peut être utile de créer des incitations à augmenter le niveau de monitoring, il me semble que faire entièrement porter à ces familles (souvent pauvres) le coût de ce monitoring additionnel (et je pense que ces coûts sont potentiellement très importants, en termes de conflits au sein du foyer, etc.) est clairement moins équitable que d'instaurer une subvention aux parents qui monitorent efficacement leurs enfants.
Le deuxième type de solution, c'est de viser non plus le principal, mais l'agent, et de créer des incitations pour que les objectifs de l'agent se rapprochent de ceux du principal. Typiquement, c'est le fameux programme de la cagnotte scolaire, où l'on donne de l'argent aux enfants en fonction de leur assiduité. Ainsi les bénéfices pour l'enfant d'aller à l'école augmentent, et les objectifs des parents et des enfants convergent désormais. Ce n'est pas absurde, mais franchement comme politique publique, en termes de rapport coût/bénéfice, c'est super couteux. En effet, si 'on veut que ce types d'incitations soient efficaces, -sachant que la plupart de ces enfants perçoivent le bénéfice d'être à l'école comme quasi-nul-, les montants financiers qu'il faut verser aux enfants doivent être à la hauteur de leur outside option (le coût d'opportunité de rester à l'école, c'est-à-dire, grosso modo ce que je peux gagner dans la rue en dealant du shit). Clairement, ce ne sont pas des petits montants en jeu. Et cela pose également de vrais problèmes d'équité, puisqu'il faudrait verser logiquement ce type de primes à tous les enfants scolarisés, même ceux dont l'absentéisme est déjà minimal en l'absence d'incitations financières.
La troisième solution, à mon sens la plus efficace en termes de rapport coût/bénéfices, c'est de prendre le problème à la racine et d'agir sur les asymétries d'information en cherchant à améliorer les outils de monitoring pour en réduire les coûts et ainsi minimiser le problème d'agence. Concrètement, c'est permettre aux parents de contrôler heure par heure l'assiduité des enfants en envoyant par exemple des SMS aux parents quand les enfants ne sont pas a l'école. Il y a beaucoup à apprendre de ce point de vue des nombreuses expériences menées dans des pays comme le Brésil avec le programme Bolsa-Escola, où les municipalités ont la liberté de jouer sur les paramètres du programme fédéral. Une fois de plus, il me semble que laisser de la liberté aux collectivités locales pour expérimenter et évaluer différentes façons d'améliorer les outils de monitoring des parents est la solution pour faire émerger les meilleures pratiques. Mais évidemment, c'est politiquement moins rassembleur que de châtrer les parents polygames...
Pourquoi certains enfants ne vont-ils pas à l'école? Cette question de l'absentéisme scolaire a reçu une attention particulière avant tout chez les économistes du développement. L'éducation est en effet la pierre angulaire du développement, et comprendre pourquoi les enfants ne vont pas à l'école alors même que l'enseignement est obligatoire et gratuit est un enjeu majeur pour les politiques éducatives des pays en voie de développement. Esther Duflo (que l'on félicite au passage) explique très bien dans le premier chapitre de son bouquin à la République des Idées les différentes raisons qui peuvent expliquer pourquoi les enfants pauvres désertent les salles de classe dans ces pays: programmes scolaires inadaptés, absentéisme des professeurs, coût d'opportunité du travail des enfants, coûts d'équipement (uniformes ou livres), etc. Dans les pays développés, la plupart de ces facteurs sont évidemment moins déterminants. Et la plus grosse partie du problème se joue sans nul doute au niveau de la relation parents/enfants.
Il y a fondamentalement deux types de raisons qui peuvent expliquer que cette relation parent/enfant ne fonctionne pas de manière optimale en termes de choix d'éducation. Le premier écueil peut provenir du fait que les parents eux-mêmes ne poussent pas les enfants à aller à l'école parce qu'ils ne perçoivent pas correctement les bénéfices du fait d'aller à l'école. Il me semble assez peu probable que ce soit l'explication principale de l'absentéisme scolaire en France, car les parents semblent percevoir assez bien les dangers de voir leurs enfants quitter l'école et traîner dans la rue. Pour autant, ce peut être une partie de l'explication, dans les pays en développement notamment. Mais dans ce cas, la politique adéquate à mettre en place est une politique d'information plutôt que de répression. Jensen a par exemple montré que les bénéfices scolaires sont clairement sous-estimé en République Dominicaine et qu'en fournissant de l'information sur les bénéfices réels, il était possible de réduire l'absentéisme chez les élèves les moins pauvres. (Cf. une fois de plus le bouquin d'E. Duflo qui évalue l'efficacité des différentes manières possibles d'informer les parents sur les bénéfices de scolariser leurs enfants.)
Le deuxième problème, qui à mon sens est le nerf de la guerre, c'est que les parents ne parviennent pas a contrôler correctement les actions de leurs enfants. C'est ce qu'on appelle communément chez les économistes un "problème d'agence" des plus classiques. Les parents ("le principal") veulent mettre leur enfant (l'agent) à l'école. Mais, premièrement, l'agent et le principal ont des objectifs divergents (l'enfant veut aller brûler des voitures parce que c'est plus marrant que d'apprendre les identités remarquables) et deuxièmement, le principal ne peut pas contrôler parfaitement les actions de l'agent (il y a asymétrie d'information, parce que l'enfant peut sécher sans que les parents s'en rendent complètement compte) et donc il y a risque d'aléa moral du point de vue de l'agent, c'est-à-dire que l'enfant va choisir un niveau de présence scolaire inférieur à celui souhaité par les parents. Les parents peuvent exercer un monitoring plus ou moins important pour tâcher de réduire cet aléa moral, mais ce monitoring est coûteux (conflits au sein du foyer, coût d'opportunité du temps passé à être derrière les enfants, etc...). Quelle est donc la meilleure solution pour atténuer ce problème d'agence?
La première solution c'est le paternalisme bien conservateur, c'est-à-dire punir les parents dont on soupçonne le monitoring de n'être pas suffisamment efficace. On peut donc à peu près tout envisager ici, et je m'étonne presque de ne pas encore avoir vu dans le programme de l'UMP des propositions telles que déchoir de leur nationalité française ces pourritures de parents polygames dont les enfants désertent les cours de recré, ou encore châtrer les pères de famille dont les enfants sèchent l'école... De manière un peu moins radicale, on peut aussi envisager de sucrer les allocations familiales aux parents dont les enfants sont trop souvent absents. L'idée de base, c'est que du fait du coût de monitoring, le niveau de contrôle choisi par les parents est socialement sous-optimal, du coup il faut forcer les parents à être plus dur avec les enfants, et pour ce faire on créé une amende qui génére une incitation pour le principal à choisir un niveau de monitoring plus élevé. Dans le monde de l'entreprise (ou un problème similaire d'agence existe entre les actionnaires (le principal) et les dirigeants (l'agent)), l'équivalent d'un tel schéma serait d'imposer une amende aux actionnaires qui n'exercent pas leur droit de vote afin de les obliger à monitorer plus directement les actions du principal. C'est pas idiot en soi. Mais dans le cas de l'absentéisme scolaire, il est peu probable que ce soit efficace. D'abord parce que ce type de mesure n'est vraiment efficace que lorsque le niveau de contrôle choisi par le principal (les parents, les actionnaires) est vraiment très inférieur au niveau optimal. C'est sans doute le cas pour les petits actionnaires, car le coût d'aller voter est bien supérieur aux bénéfices qu'une voix parmi des milliers risque d'apporter en termes de contrôle sur la politique des dirigeants. C'est je pense beaucoup moins vrai dans le cas des familles, car pour les parents, le coût de l'absentéisme scolaire est vraiment très visible, immédiat et plutôt correctement perçu par les parents. Ensuite parce que ce type de mesure n'est efficace que lorsque les problèmes de contrôle (les asymétries d'informations) sont faibles. (En gros, pour ceux que cela intéresse, ce type de mesure est optimal lorsqu'il n'y a aucun problème d'information et que donc le "rotten-kid theorem" de Becker s'applique). Par ailleurs, du point de vue de la justice sociale, ca me paraît très sous-optimal d'instituer une forme de double-peine de la sorte. S'il peut être utile de créer des incitations à augmenter le niveau de monitoring, il me semble que faire entièrement porter à ces familles (souvent pauvres) le coût de ce monitoring additionnel (et je pense que ces coûts sont potentiellement très importants, en termes de conflits au sein du foyer, etc.) est clairement moins équitable que d'instaurer une subvention aux parents qui monitorent efficacement leurs enfants.
Le deuxième type de solution, c'est de viser non plus le principal, mais l'agent, et de créer des incitations pour que les objectifs de l'agent se rapprochent de ceux du principal. Typiquement, c'est le fameux programme de la cagnotte scolaire, où l'on donne de l'argent aux enfants en fonction de leur assiduité. Ainsi les bénéfices pour l'enfant d'aller à l'école augmentent, et les objectifs des parents et des enfants convergent désormais. Ce n'est pas absurde, mais franchement comme politique publique, en termes de rapport coût/bénéfice, c'est super couteux. En effet, si 'on veut que ce types d'incitations soient efficaces, -sachant que la plupart de ces enfants perçoivent le bénéfice d'être à l'école comme quasi-nul-, les montants financiers qu'il faut verser aux enfants doivent être à la hauteur de leur outside option (le coût d'opportunité de rester à l'école, c'est-à-dire, grosso modo ce que je peux gagner dans la rue en dealant du shit). Clairement, ce ne sont pas des petits montants en jeu. Et cela pose également de vrais problèmes d'équité, puisqu'il faudrait verser logiquement ce type de primes à tous les enfants scolarisés, même ceux dont l'absentéisme est déjà minimal en l'absence d'incitations financières.
La troisième solution, à mon sens la plus efficace en termes de rapport coût/bénéfices, c'est de prendre le problème à la racine et d'agir sur les asymétries d'information en cherchant à améliorer les outils de monitoring pour en réduire les coûts et ainsi minimiser le problème d'agence. Concrètement, c'est permettre aux parents de contrôler heure par heure l'assiduité des enfants en envoyant par exemple des SMS aux parents quand les enfants ne sont pas a l'école. Il y a beaucoup à apprendre de ce point de vue des nombreuses expériences menées dans des pays comme le Brésil avec le programme Bolsa-Escola, où les municipalités ont la liberté de jouer sur les paramètres du programme fédéral. Une fois de plus, il me semble que laisser de la liberté aux collectivités locales pour expérimenter et évaluer différentes façons d'améliorer les outils de monitoring des parents est la solution pour faire émerger les meilleures pratiques. Mais évidemment, c'est politiquement moins rassembleur que de châtrer les parents polygames...
18 commentaires:
Votre billet est intéressant, mais il me semble qu'il souffre de certains biais. En résumant l'absentéisme à un problème d'agence, deux éléments centraux du problème disparaissent : 1) la relation parent(s)-enfant(s) est dépendante à la fois des ressources des parents (la surveillance est plus difficile lorsque l'appartement est trop petit, les horaires de travail inadapté, etc. ; l'autorité ne s'exerce pas dans le vide, mais demande également des ressources) et de la structure sociale (quels sont les autres réseaux, les autres perspectives où se place l'enfant) ; 2) le rôle spécifique de l'école, et tous les problèmes qu'elle peut rencontrer. L'absentéisme n'est pas un problème qui se répartit de façon homogène dans la population, alors que le problème d'agence est toujours là. Il faut donc chercher à comprendre pourquoi dans certains cas la confiance peut suffire à le régler et dans d'autres cas non - ce qui aura une importance déterminante sur l'efficacité des autres dispositifs possibles.
Je pense au contraire que beaucoup des parents d'enfants absentéistes se désintéressent de l'école
Les professeurs que je connais disent généralement que ce sont justement les parents à qui ils voudraient parler qui ne viennent pas aux réunions
Il est cependant probable que ce soient les mêmes parents qui aient des difficultés de monitoring
Pour ce qui est des mesures, il serait bon aussi de se demander comment faire aimer l'école aux enfants, quand on sait que les enquêtes PISA montrent que les élèves français sont deux fois moins nombreux que dans les autres pays de l’OCDE à « se sentir chez eux à l’école »
Bon, vous vous faites plaisir à bon compte en raillant des propositions de certains élus UMP...
"... instaurer une subvention aux parents qui monitorent efficacement leurs enfants." Autrement dit, conditionner les allocations familiales au "présentéisme" scolaires, plutôt que de les supprimer en cas d'absentéisme: malin! A moins que ce ne soit une aide supplémentaire à creuser dans le déficit?
Les SMS: il me semble que ça se fait déjà.
"...laisser de la liberté aux collectivités locales pour expérimenter..." Et donner à la fois autonomie et responsabilité aux chefs d'établissement? Inciter à la coopération école / professeurs / parents?
@Denis Colombi & Verel:
Vous avez tous les deux raisons en disant qu'une grosse partie de l'absenteisme s'explique aussi par l'inadaptation de l'école, de son rythme et des contenus scolaires à toute une population d'élèves. Je ne minimise pas le probleme, mon point est juste de dire que pour ce qui concerne la relation parents/enfants, la solution de sucrer les allocs ne me parait pas tres efficace...
En restant simplement sur un point de vue principal-agent, le choix d'optimisation du principal est-il tout simplement réalisable ? Peut-il agir ? Ce qui permet d'intégrer certaines remarques de Denis.
Le problème d'agence est intéressant pour l'analyse, mais assez incomplet pour prétendre résoudre le problème de l'absentéisme.
1.Supposons résolu le problème d'asymétrie de l'information : tous les parents n'ont pas une homogénéité de préférences ou de comportement face à l'absentéisme de leur enfant : certains "couvrent" même l'absentéisme de leur enfant.
2. Le problème d'asymétrie d'information n'existe pas vraiment en réalité : d'une part, les CPE et la vie scolaire de nombreux collèges et lycées se sont dotés d'indicateurs quasiment en temps réels de l'absentéisme des élèves, d'autre part, les appels sur les téléphones fixes ou portables des parents sont largement utilisés pour les informer des absences de leur enfant.
Il n'est pas si sûr que les coûts d'une "cagnotte scolaire" soient exorbitants. Les travaux de Roland Fryer montrent plutôt que des incitations relativement peu onéreuses donnent déjà ,des résultats intéressants (elles sont de l'ordre de 5 à 10$ par cours par étudiant. Par "par cours" on entend un peu l'équivalent de "matière" en France).
Voici un lien vers une courte video ou il presente son programme : http://www.colbertnation.com/the-colbert-report-videos/164944/december-01-2008/roland-fryer
Pour aller plus loin, Roland Fryer montre un comportement sous optimal (des élèves noirs américains) lié à l'existence d'une pénalité sociale. L'idée est qu'un élève qui "ferait le blanc" (acting white) serait exclu des réseaux sociaux qui sont traditionnellement les siens (les copains de la cité par exemple). Et il est fort probable que ces effets soient importants en France.
@Julien Salanié,
peu importe que le système de la cagnotte soit "peu couteux" à mettre en place : au niveau symbolique, par contre, il me semble exorbitant. Si les obligations scolaires deviennent l'objet de transactions monétarisées (incitations à 10$ la présence au cours), alors c'est vraiment l'échec de l'Ecole comme l'une des institutions de base de la société (jusqu'à présent hors marché, et heureusement).
Le choix de la logique marchande est-elle le plus adapté pour réconcilier les élèves avec le savoir, l'envie d'apprendre et d'augmenter leur capital humain?
Je n'en suis pas sûr du tout...
@anonyme
J'entends bien le problème "éthique" mais ceci dit, tous les arguments ne sont pas recevables pour autant.
1. Les incitations peuvent prendre une forme monétaire. C'est l'expérience que mène Roland Fryer aux USA. Mais avant on avait les images ou les bons points. Esther Duflo a montré qu'il était possible d'amener des familles dans des centres de vaccination contre la malaria en promettant (et donnant) un sac de lentilles (cf son speech sur TED : http://www.ted.com/talks/esther_duflo_social_experiments_to_fight_poverty.html). Alors que ces mêmes familles devraient voir clairement (c'est là que le bas blaisse) leurs bénéfices (ici la survie) à la vaccination !
Le principe même d'une incitation est de redéplacer un équilibre vers une situation moins défaillante. Elle n'est pas nécessairement faite pour durer. C'est un peu aussi l'idée des quotas de femmes dans les CA des grandes entreprises ou bien à l'assemblée. On espère que la mixité montrera tout son intérêt et que les quotas pourront être supprimés à terme. Cela ne marche pas toujours, comme nous le montre l'exemple de l'affirmative action dans les Universités de la Ivy League (Harvard, Yale, ...). Quoique, cela a peut-être abouti à l'élection du 1er président noir et qu'à terme cela permettra la réintégration de jeunes noirs américains dans ces cursus d'élite. Ceci étant dit, on espère que le système n'est pas trop résilient. Et ici, il s'agit probablement, pour une part au moins, de la psychologie de nos élèves absentéistes qui sous-investissent dans leur capital humain parce qu'ils percoivent mal les bénéfices de l'instruction et trop bien, pour une partie d'entre eux, ceux de la délinquance ou de l'oisiveté. Il faudrait améliorer l'information dont disposent ces élèves (i) sur les bénéfices futurs qu'ils tireront de leur investissement dans les études (à condition qu'ils soient bien orientés), (ii) sur les risques liés aux voies parallèles (qu'ils mesurent mal). Il faudrait aussi s'assurer que le capital humain est traité de façon équitable sur le marché du travail (absence de discrimination) pour les absentéistes qui seront discriminés. Si l'on fait le compte du coût de toutes ces politiques : (i) information scolaire, forums emplois, stages de découverte de l'entreprise, etc. (ii) polices de proximité, centres d'insertion, etc, on a probablement des sommes importantes. Je ne parierais pas qu'elles sont coût-efficace.
2. L'école est "hors-marché", mais seulement en apparence. En fait, la valeur des différentiels de qualité entre les écoles est capitalisée dans le prix des logements du fait de la carte scolaire (les études sur le sujet abondent). Les ménages les plus riches préfèrent payer leur logement plus cher, dans un quartier dôté d'une bonne école. Il s'agit des écoles non surchargées où les effets sociaux (peer-effets) joueront positivement et à plein pour leur enfant qui côtoiera d'autres enfants performants. Les travaux de Thomas Piketty sur le sujet sont extrêmements intéressants (http://www.jourdan.ens.fr/piketty/fichiers/public/Piketty2004b.pdf). Notons aussi que l'abandon de la carte scolaire ne change rien au problème (cf. Les Echos d'aujourd'hui http://www.lesechos.fr/info/france/020524697952-carte-scolaire-bilan-critique-des-chefs-d-etablissement.htm)
Bref, je ne crois pas qu'il faille exclure d'emblée les "cagnottes scolaires". Elles ont des inconvénients, mais il n'est pas démontré qu'elles sont inefficaces (au sens de la théorie du second rang). Quant à leur acceptabilité sociale, les problèmes d'éthique, etc... c'est une autre affaire.
@ Julien Salanié,
je vous remercie pour votre longue, intéressante et riche réponse.
J'ai néanmoins des remarques à faire:
- Sur votre point 1 : incitations monétaire et non monétaires ne sont pas de même nature, on ne peut donc promouvoir la cagnotte scolaire sous prétexte qu'il y a toujours eu des incitations comme les "bons points".
D'autre part, l'argument de l'incitation au sac de lentilles en Afrique pour la vaccination me semble dangereux : il suppose que la fin justifie les moyens... et que la faim justifie la vaccination! L'économie politique et éthique ont partie liée : les économistes ont souvent tendance à (vouloir) ignorer les implications éthiques de leurs propositions. Il me semble donc que le versant normatif de l'économie politique doit être pris au sérieux et (ré)intégré dans les tâches qui sont celles de l'économiste : les problèmes d'éthique ne sont pas "une autre affaire".
Enfin, l'argument du dispositif de cagnotte scolaire qui ne serait que temporaire ne suffit pas à justifier sa mise en place. Les effets de l'introduction d'une logique marchande, même temporairement, dans une institution qui n'obéit pas à cette logique peuvent être conséquents (au niveau symbolique, mais aussi au niveau des représentations des individus)
Sur votre point 2, l'école est hors marché dans son fonctionnement et dans ses principes de fonctionnement : que l'Ecole s'inscrive dans une géographie économique et que son implantation soit liée au marché immobilier est, pour le coup, une autre affaire.
Les agents économiques les plus dotés en capital économique peuvent certes se permettre de choisir leur logement en fonction de l'implantation des « bonnes » écoles, mais ils sont qu'une minorité, et la grande majorité des citoyens ne peuvent agir de cette façon et ne sont donc pas mobiles. Même de ce point de vue, on ne peut donc dire que l'école s'inscrit dans une logique marchande.
De plus, l'abandon de la carte scolaire ne pouvait que faciliter et amplifier le phénomène de ségrégation sociale et économique en rendant plus mobiles bles individus les plus fortement dotés en capital économique.
Cordialement.
Je précise mon point de vue exprimé précédemment : ce qui me gêne dans l'idée du sac de lentille contre une vaccination (logique de l'incitation non monétaire), c'est ce principe de conditionnalité. Si tu veux le sac de lentille (et je sais que tu as faim), alors tu devras faire vacciner tes enfants. Acceptes tu le marché?
C'est pour la bonne cause, alors, on peut bien le faire, n'est ce pas?
Bonjour,
à l'occasion de ce billet, pour lequel je vous remercie en passant, comme pour votre blog en général, je vous transmets cette remarque : « monitoring », « aléa moral », « principal », « coût d'opportunité » ... que d'anglicismes, soit directement repris, soit transcrits mot à mot plutôt que traduits !
Je ne suis pas économistes, mais m'intéresse au sujet, notamment par des blogs -j'en remercie les auteurs de façon générale : je n'aurais pu découvrir l'économie sans ça.
Je suis frappé et, à vrai dire, plus qu'agacé par la reprise d'anglicismes qui émaillent le discours économique. Un paragraphe de cette note, particulièrement chargé en la matière, me fait exprimer cette fatigue.
Je réagis à trois titres :
- transcrire, ce n'est pas traduire. C'est particulièrement vrai dans une science humaine, où la finesse de sens peut importer, et où les faux amis abondent. Par exemple, le « principal », ici en français, c'est plutôt le mandant, le donneur d'ordre. Le mot français principal n'a pas ce sens. Ce défaut de traduction est pour moi signe d'une paresse collective des économistes français. Je conçois qu'il est difficile de ramer à contre-courant : une fois qu'un usage est passé - employer improprement le mot « principal » -, il est difficile de se faire comprendre autrement. Cette paresse me fâche, cependant. Elle est systématique et indéfendable.
- L'économie devient, de ce fait, incompréhensible au quidam francophone moyen. « Aléa moral » est l'exemple-type d'une expression qui ne veut franchement rien dire. Cela provoque, au mieux l'incompréhension, au pire le malentendu.
- Le dernier, et plus important point est le suivant. Une langue façonne une pensée. Or, lisant de l'économie, j'ai l'impression de lire de l'anglais. C'est ce point qui me gêne profondément. Les concepts nouveaux, le vocabulaire de base, DONC la pensée, pour une part, sont anglophones. Les briques sont anglophones, même enchâssées dans un discours, un ciment, francophone ou d'une autre langue.
Il m'arrive de lire de la philosophie. Je n'ai absolument pas cette impression très gênante. Bien sûr, je rencontre beaucoup de telles « briques » visiblement issues du monde anglophone. Mais, d'une part, les philosophes prennent, quand c'est possible (donc pas toujours, mais alors ils le signalent), la peine de traduire réellement, et d'autre part, je n'ai pas affaire à une monoculture : on aperçoit d'autres « briques » visiblement d'origine grecque bien sûr, ou germanique, ou francophone ou autre ...
En réponse à un commentaire sur le même sujet, A. Delaigue m'avait répondu que la variété de nationalités et de pays de formation des économistes assurait la diversité culturelle de la discipline. C'est un argument, mais insuffisant : il demeure regrettable que, même pratiquée par des gens d'horizons divers, l'économie pense ex-clu-si-ve-ment en anglais. Même lorsqu'apparemment, elle est rédigée dans une autre langue. Je maintiens qu'une langue, en partie, conditionne la pensée qu'elle exprime, quelles que soit la diversité de ses locuteurs. C'est, pour moi, un défaut intrinsèque assez problématique de l'économie, qui hypothèque sa valeur.
Peut-être me jugerez-vous trop sévère, mais je voulais vous transmettre cette fatigue.
Et réponse à Verel :
« Les professeurs que je connais disent généralement que ce sont justement les parents à qui ils voudraient parler qui ne viennent pas aux réunions. »
Là, je peux sans hésitation vous répondre que c'est une illusion d'optique. J'ai longtemps travaillé avce ATD Quart-Monde, connais des famille typiques qui « ne viennent jamais aux réunions parents-profs ou aux convocations des profs ». Il s'agit de bien autre chose que du désintérêt pour l'école. C'est difficile à résumer, mais disons : l'école n'est pas leur monde. Ils la savent importante, mais elle leur est incompréhensible, et/ou ils la redoutent - la redoutent d'autant plus qu'ils la savent capitale pour leurs enfants. Les rares fois où ils viennent, c'est l'incompréhension totale : c'est la rencontre de deux mondes trop différents, qui s'ignorent trop mutuellement. Alors, découragés, ils ne viennent plus.
Je précise qu'il s'agit de famille très pauvres, pas nécessairement de parents d'enfants difficiles, incontrôlés.
@ Julie Salanié qui a écrit: "(c'est là que le bas blaisse)".
Il faut écrire: C'est là que le bât blesse.
http://www.culture-generale.fr/expressions/618-et-cest-la-que-le-bat-blesse
@anonyme
Il est clair que je n'ai pas été clair. Je vais donc essayer de faire mieux.
Reprenons le cas des lentilles. Alors que des centres de vaccination gratuits existent en Inde, on constate que les populations les plus pauvres ne sont pas vaccinées. Pourquoi ? D’abord, ces populations estiment peut-être mal les bénéfices de la vaccination, notamment parce qu’elles sont aussi moins éduquées. Se rendre dans un centre de vaccination implique un coût d’opportunité important (autres tâches non effectuées). Pour la plupart des indiens, ces coûts apparaissent plus importants que les bénéfices sous-évalués de la vaccination et ils remettent à plus tard leur visite médicale. Comme ils font toujours ce raisonnement, ils ne se font jamais vacciner. Pour inverser cette situation, on peut jouer sur la perception des bénéfices par l’information (mais ca marche plutôt mal en général) ou sur le coût d’opportunité. Esther Duflo a montré que la promesse d’un sac de lentille permet de revaloriser suffisamment la visite médicale pour améliorer les taux de vaccination à un coût très faible. C’est en fait la même chose pour nos élèves absentéistes.
Camille a très bien exposé le problème d’agence qui peut se poser. Pour circonvenir au problème d’agence il explore trois pistes : forcer les parents à améliorer le contrôle qu’ils exercent sur leurs enfants, dont on suppose qu’il est insuffisant, inciter les élèves à augmenter leur effort scolaire ou abaisser les coûts du contrôle parental. Les deux premières pistes sont alors écartées et Camille propose de privilégier plutôt la troisième. Je pense pour ma part que la seconde piste ne peut pas être écartée aussi facilement au prétexte qu’elle serait trop coûteuse.
D’abord, il ne s’agit pas d’un problème classique d’agence parce qu’il n’est pas sûr que la contrainte de participation de l’agent soit satisfaite. Les enfants n’acceptent pas le contrat parental indu (car non sollicité). On sait que les parents ont tendance à vouloir que leurs rejetons réussissent mieux qu’eux-mêmes ne l’ont fait (cf. études en psychologie). Mais l’enfant dispose d’une information privée sur ses propres chances de réussite. Il peut alors rationnellement opter pour l’école buissonnière en se disant qu’il n’a aucune chance de réussir, quels que soient ses efforts et même si cela lui coûtera une raclée à la maison.
Ensuite il y a l’autre cas, peut-être plus courant. L’enfant possède le potentiel pour réussir dans le système scolaire tel qu’il est mais choisit pourtant l’école buissonnière. Ce cas est finalement assez similaire à celui de nos indiens. La plupart des élèves qui sèchent les cours ne perçoivent pas correctement l’intérêt de la scolarité qui est triple : accumuler du capital humain (compétences), du capital social (réseaux – au moins pour le supérieur) et la capacité à signaler tout cela sur le marché du travail par un diplôme. En revanche, les bénéfices de l’oisiveté ou parfois de la délinquance sont trop bien perçus (mais pas leurs coûts). On peut aussi ajouter que les gamins de l’école buissonnière, qui sont probablement aussi issus des quartiers les moins favorisés, bénéficient moins que les autres de l’émulation (entre élèves de bon niveau) et souffrent le plus des pénalités sociales lorsqu’ils produisent des efforts scolaires qui ne sont pas dans la tradition du quartier (le « acting white » de Roland Fryer). Ceci diminue d’autant les bénéfices qu’ils retirent d’aller à l’école ou rend les coûts de l’effort scolaire trop importants.
Je pense que la voie des « cagnottes scolaires » est intéressante. On peut envisager des incitations non-financières, comme les sacs de lentilles d’Esther Duflo, mais le temps des images et des tableaux d’honneur est révolu. On peut trouver d’autres options (des points pour télécharger de la musique, etc.). Sinon, on peut aussi envisager les incitations financières. Roland Fryer a montré qu’elles donnent de bons résultats aux USA à un coût faible par élève. Il me semble donc que l’on ne peut pas les écarter si facilement.
Cordialement. Julien
Bonsoir, au lieu de chercher des solutions pour réduire le nombres d'élèves absent, il faudrait s'interroger sur pourquoi les élèves au lycée et aux collèges généralement " sèche". Vous parents, vous politiques vous êtes très bien placés pour en parler puisque vous n'allez plus à l'école. Au mieux de dénigrer certains parents . " Eux ils sont pauvres, ils sont en ont rien à cirer de l'éducation de leurs enfants, ils finiront comme eux à l'usine ..." vous feriez mieux d'apprendre ce que c'est les cours d'aujourd'hui. Les élèves se lève à 6 heures du matin pour rentrer à 18 heures le soir. Ils ont cours le matin et l'après midi et globalement que deux heures de sport dans la semaine. Les cours = formatage, bourrage de crâne pour un élève qui ne s'intéresse pas à la moitié des cours proposés mais il faut bien travaillé pour assurer une bonne moyenne si il faut tricher on va tricher les profs reste assis sur leurs chaises et ne s'imagine jamais qu'il y a des anti-sèches dans les trousses. Au pire on redoublera 4 ou 6 fois, histoire d'avoir un bac en poche. Les profs se contentent à l'ordinateur et au rétro projecteur de déballer leurs cours engueule l'élève qui n'a pas fait correctement ses devoirs..
Bref si j'étais élève ce n'est pas la joie de se rendre au bahut entres humeur du CPE qui vous reproche ceci ou cela, les profs qui ne supporte pas les bruits, les mauvaises notes, les mauvaises position dans une classe blindé de 30 personnes.
j'entends déjà certain dire " ô t'as bien de la chance d'être encore à l'école tu sais au travail c'est pire " mais bien sûr comparons l'école au travail.
Merde quoi au mieux d'imaginer de supprimer les allocs, ( déjà que vive les aides en France pour nourrir sa petite famille même avec deux salaires ), une cagnotte ? ( c'était une blague non ok les ministres se foutent de notre tête ) . CHANGEONS LE SYSTÈME SCOLAIRE EN FRANCE et nous on aura du goût à se rendre à l'école.
Bernard 77 ans et quasiment toutes ses dents.
Un grand bravo à l'auteur pour cet article fort intéressant, et aussi aux commentateurs qui ont poursuivi à haut niveau la discussion entamée par Camille.
Un gros bémol néanmoins (que quelqu'un a fait remarquer avant moi d'ailleurs) : c'est la deuxième fois sur ce blog dont je suis un lecteur assidu que je vois un contributeur s'abandonner à une attaque gratuite, allusive et infondée à l'encontre d'une certaine sensibilité politique.
Bien entendu, rien ne peut l'en empêcher, Camille a le droit d'avoir son avis, ses préjugés et de ricaner crétinement sur des stéréotypes aussi datés que l'humour de Guy Bedos; ce n'est pas comme si ce blog avait une charte ou quoi que ce soit de ce genre. Mais depuis que je le connais (plus de deux ans), l'une des traductions les plus claires à mes yeux de l'exceptionnelle qualité de ce blog a toujours résidé dans la capacité de ses contributeurs à présenter une question, même fortement plongée dans l'actualité, d'une façon académique, rigoureuse et objective, de façon à ce que chacun, quelle que soit sa sensibilité, puisse y apprendre les éclairages qu'apporte la science économique et non y lire des raccourcis partisans.
Cette note fait hélas une entorse bien inutile à cette exigence déontologie très honorable et quasi constante.
Le plus drôle dans cette affaire, c'est que passées les suggestions subtiles et délicates (UMP = "intolérance religieuse", puis, encore plus sympathique, UMP = "eugénisme" avec toutes les références réjouissantes que cela évoque), l'auteur, finalement, se voit dans l'obligation de développer un argumentaire bien construit (et très intéressant d'ailleurs), et au demeurant subjectif puisqu'il ne peut pas évidemment démontrer objectivement que la solution de suppression des allocations ne peut pas marcher, pour réfuter la proposition "fasciste"... Qui n'était donc pas si absurde que ça.
Bon, j'en fais un peu trop, mais quand même, quel dommage...
Savez-vous s'il existe des études sur l'impact réel des mesures visant à couper les allocations familiales en cas d'absentéisme des enfants?
Enregistrer un commentaire