lundi 10 décembre 2007

Jean Tirole sur l'autonomie des universités


A lire : cette tribune dans le Monde, signée Jean Tirole. Ici à Ecopublix, on applaudit des deux mains.
_Ecopublix_

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Un point semble quand même dramatiquement ignoré dans le texte de Tirole, savoir que les universités abritent non seulement des chercheurs, mais aussi des étudiants. Comme quoi l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs...
Autre problème tout de même remarquablement passé sous silence, celui de l'indépendance, qui est d'ailleurs le seul problème (avec la réforme de la gouvernance, qui est d'ailleurs nettement plus décrié chez les enseignants que la "privatisation"). Si c'est pour dire "le privé c'est bien parce que ça amène du fric", tout le monde est d'accord. Même si, parfois, ça va mieux en le disant.
Signalons enfin une belle mauvaise foi de la part de Tirole, qui n'hésite pas à en appeler à Albert Fert alors que ce même Fert a déclaré que, s'il avait dû dépendre des financements privés, jamais il n'aurait pu entreprendre ce projet fou, fou, fou... qui lui a rapporté un Nobel, et au monde de l'entreprise pas mal de dollars !
Quant à la question de l'autonomie de la recherche par rapport aux entreprise qui les financeraient, on peut se poser des questions quand on observe certaines conférences et réunions organisées par l'EEP, dont la fayoterie envers les entreprises est plus évidente que la pertinence scientifique.
Alors, du blé privé en plus, oui ; du blé privé au lieu de public, sans façon.

Anonyme a dit…

Je me demande si les étudiants, Jean Tirole et vous-meme ne tombez pas dans le piège tendu par la communication gouvernementale :
Il me semble que la principale innovation de la loi est en fait un accroissement énorme des pouvoirs des présidents d'université.
Il vaudrait mieux parler de "loi sur l'autonomie des présidents" que de "loi sur l'autonomie des universités"...

Anonyme a dit…

C'est évidemment difficile de s'opposer à Jean Tirole sans une argumentation bétonnée...
Ma position est plus facile, je suis d'accord avec lui.

Pour faire moins débat d'anonymes (cf. les 2 commentaires précédents), vous qui êtes bien informés sur les ressentis à PSE, qu'en pensent les Piketty, Bourguignon and co ?

Anonyme a dit…

Il me semble que Jean Tirole fait un pari : celui que les dirigeants d'entreprises français ne seront pas plus bêtes que ceux des entreprises étrangères, qui ont compris l'intérêt d'un recrutement diversifié de leurs cadres, ainsi que la valeur de personnes sachant apprendre rapidement et s'adapter plutôt qu'appliquer des recettes apprises en École.

Le pari me paraît raisonnable, et l'École d'économie de Toulouse fournit probablement de bons exemples à la fois d'industriels intéressés et d'insertions réussies. Tirole a donc probablement raison de souligner à quel point la revendication d'une « autre réforme » est dangereusement proche d'une défense du statut quo.

Anonyme a dit…

Bonjour à tous, ici c'est l'anonyme du 2ème commentaire qui récidive : si vous insistez je veux bien etre d'accord moi aussi avec Jean Tirole pour dire qu'il vaut mieux de l'argent du privé que pas d'argent.
Mais y a t-il dans le texte de loi de quoi donner tout à coup envie aux entreprises de déverser des tombereaux d'euros sur les universités ?
Je veux bien écouter les arguments en ce sens mais pour l'instant je n'en ai pas trouvé beaucoup (y compris dans la tribune de Tirole).

Anonyme a dit…

Je ne vois pas comment on peut s'étonner qu'un spécialiste mondial de la propriété intellectuelle et de la construction d'oligopoles par accords entre détenteurs de grands jeux de brevets se réjouisse de la possibilité de voir ses travaux financés par des multinationales.

Mais, du coup, je ne vois plus trop de raisons de financer de tels travaux avec de l'argent public.

François Dubreuil a dit…

TOut le monde sait que le marché des biens et services fonctionne mieux sans régulation des prix.
Il y a toutes sortes de régulations utiles (sur la qualité notamment) et on pense ici au problème de l'accès au logement.

Mais ce qui est étonnant dans ce papier, se voulant pourtant réflexion d'économistes centrés sur le fonctionnement d'un marché, sur l'arbitrage location-accès à la propriété.
Parce que si l'on regarde partout en occident, ce qui frappe ce n'est pas le probleme controle ou pas des loyers et comment et avec plutot tel indice ou tel autre... c'est un débat totalement mineur.
Ce qui frappe c'est la hausse considérable des prix de l'immobilier dans tout l'occident et même disons le dans le monde entier.

Est ce qu'il y a une pénurie de logements ?
Ca fait doucement rigoler n'est-ce pas cette idée de pénurie de logements... Surtout quand on connait la démographie occidentale ...
Alors quoi ?

Mais l'inflation bien sur. Il y a une inflation des prix de l'immobilier causée comme toujours par une inflation de la base monétaire c'est a dire plus exactement par une dérégulation débile suicidaire et ahurissante de l'industrie financière.

Parce que rappelons le, oui le controle des prix sur les marchés de biens et services ou regnent la rareté c'est inefficace.
Mais parallelement la création sans controle de monnaie par des prêteurs c'est totalement inefficace et c'est pour cela que les autorités monétaires sont censées limiter la croissance monétaire a ce qui est nécessaire a une stabilité de tous les prix compte tenu de la croissance de la production.

et la stabilité de tous les prix ce n est pas la stabilité des seuls prix a la consomamation.

Anonyme a dit…

Ce que je ne vois pas, en fait, c'est le rapport entre le service public, et donc, l'argent public, et la vision de l'université proposée par Tirole.

Ce qui la rend à mes yeux d'autant plus acceptable : messieurs les scientifiques, faites, mais faites donc, et vite.

Anonyme a dit…

Certes. Difficile de ne pas être d'accord avec les principes énoncés dans l'article. Difficile de ne pas souscrire à l'idée qu'un certain nombre de tabous peuvent et doivent être levés en matière dse financement privé du secteur universitaire.
Travaillant dans le secteur de la ccopération universitaire, je suis bien placé pour constater que l'université française souffre à la fois d'un sous-financement chronique et d'une ignorance magistrale des enjeux de la compétition mondiale qui s'est établie depuis quelques années entre universités.
Ceci étant dit, il y a une certaine candeur à imaginer qu'en faisant sauter un verrou législatif, en établissant de nouvelles règles de gouvernances, on attirera comme par enchantement les fonds d'entreprises qui trépigneraient à l'idée de mettre entre les mains des universités publiques une partie de leurs investissement en R&D.
Rappelons une vérité toute simple: même aux USA, mécénat et sponsoring pèsent pour une part négligeable (autour de 5%) des budgets des universités. Les universités anglo-saxonnes tirent leurs ressources non pas du sponsoring, mais de la philanthropie privée, qui a permis, au fil des générations, la constitution d'"endowments" (fonds dont les intérêts suffisent à financer le fonctionnement et les interventions des établissements) considérables. L'ordre de grandeur est ici le milliard de dollars (la dizaine de milliards pour quelques établissements phares). Aucun apport de financements privés (surtout s'ils sont uniquement fondés sur du sponsoring) ne peut permettre aux universités françaises de bousculer ces positions acquises.
Cette"économie du don" et de la philanthropie structure complètement le modèle universitaire américain: elle a permis à la fois la professionnalisation du secteur, la constitution de pôles d'expertise dans tous les domaines (y compris les sciences humaines) et un développement géographiquement homogène (relativement), les donateurs étant des acteurs de la vie économique locale.
Il n'en reste pas moins que cette philanthropie, ce réflexe très général de servir la communauté dans le sens le plus restreint (la ville, la région, l'état) est un fait culturel très particulier à la société américaine, que les législations peuvent et doivent accompagner mais qu'elle n'ont pas le pouvoir de générer ex-nihilo. Ce qui me fait douter de la possibilité d'importer un tel système, par la simple force d'une loi qui de surcroît n'est pas assise sur un consensus parmi les acteurs. Vieux réflexe nominaliste (et bien français) qui consiste à croire qu'en promulguant une nouvelle loi, etc.
Sur la question du financement privé du secteur culturel et éducatif américain, voir l'ouvrage de Frédéric Martel (de la culture en Amérique) qui invite à analyser le "modèle" américain sans a-priori, mais aussi sans candeur excessive.

Anonyme a dit…

Très instructive intervention à propos du financement de l'université américaine ... Il faut avouer que cela remet en perspective l'analyse de Jean Tirole. Je ne savais pas que les fonds philantropiques représentaient un tel poids. A ce propos quelqu'un saurait-il où l'on peut trouver quelques chiffres comparatifs de la structure du financement des université dans les pays développés ?

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