mardi 11 décembre 2007

Les Gaulois sont-ils plus productifs que les autres ?


Cocorico ! Dans un accès de gallophilie remarqué par Olivier Bouba-Olga (mais contesté par quelques rabat-joie), Paul Krugman s’appuyait il y a quelques mois sur l’exemple gaulois pour pourfendre le mythe d’une Europe moins productive que les Etats-Unis. Pour étayer sa thèse, l’économiste américain rappelait que la productivité du travail en France (égale à la production divisée par le nombre d’heures travaillées) était supérieure à celle de nos voisins d’outre-Atlantique et réfutait l’argument selon lequel cet écart serait la conséquence d’un taux de chômage plus élevé et d’une durée du travail moyenne plus faible dans notre pays. Oncle Sam-le-glandu aurait-il donc du souci à se faire face à l’irrésistible ascension de Vercingétorix-le-productif ? On aimerait tellement le croire… mais soyons prudents... car avant de fourbir nos armes, d’avaler une bonne rasade de potion magique et d’entonner fièrement l’hymne de la victoire, on serait bien avisé d’aller faire un petit tour du côté des chiffres. On ne sait jamais quelles surprises ces coquins-là peuvent nous réserver…

I/ Une productivité apparente du travail à faire pâlir ?

A première vue, la comparaison de la productivité horaire du travail en Gaule avec celle des autres pays de l’OCDE est plutôt flatteuse, puisque notre ardeur légendaire nous place au sommet de la hiérarchie des pays les plus productifs :


Ce graphique fait apparaître que notre productivité horaire, supérieure de 13% à celle des Etats-Unis (qui servent de point de comparaison), n’était dépassée en 2002 que par celle des valeureux Norvégiens (125) et se situait très au-dessus de celle des perfides Bretons (78). Certes, mais en confrontant ainsi les niveaux de productivité entre pays, ne commet-on pas un abus de langage ? Compare-t-on réellement des choses comparables ?

II/ Oui, mais… la légende d’Ocedeus

Une légende tirée de notre tradition nationale permet d’en douter.

En des temps reculés, quelque part dans la forêt d’Ocedeus, une assemblée de druides gaulois décida de lancer un grand concours : le village « le plus productif de Gaule » se verrait récompensé par la remise du fameux bouclier de Brennus. Au terme de longues péripéties (que je vous épargnerai par charité), deux villages parvinrent en finale : à ma gauche, Malthusianus, où la coutume locale interdisaient aux habitants incapables de produire plus d’un menhir par an de travailler, ce qui revenait à exclure les jeunes et les anciens des carrières du village (leur productivité individuelle étant justement égale à un menhir par an) ; à ma droite, Darwinianus, où toute la population, conduite d’une main de fer par l’impitoyable Stakhanovix, était contrainte aux travaux forcés, du berceau jusqu’à la tombe. Chacun de ces villages était peuplé de 100 habitants. A l’issue d’une année de dur labeur, le village de Darwinianus parvint à faire sortir 400 menhirs de ses carrières, dont 100 produits à la sueur de leur front par les 50 jeunes et vieux du village (qui représentaient la moitié des habitants). De son côté, le village de Malthusianus amena 250 menhirs à l’assemblée des druides, en signalant au jury qu’ils avaient été produits par les seuls membres du village autorisés à travailler (soit 50 individus en tout). A l’issue d’une longue délibération, les druides décidèrent d’attribuer le bouclier de Brénus aux Malthusiens, en justifiant ainsi leur décision : « la productivité du travail des Malthusiens s’élevant à 250/50 = 5 menhir/travailleur contre 400/100 = 4 menhir/travailleur pour les Darwiniens, l’assemblée des druides déclare Malthusianus village le plus productif de Gaule ! ».

Criant à l’injustice, les économistes darwiniens contestèrent le verdict des druides, en faisant valoir que pris individuellement, les Darwiniens étaient tous plus productifs que les Malthusiens : la productivité des jeunes et vieux de Darwinianus s’élevait en effet à 2 menhirs/travailleur (100/50) contre une productivité potentielle de 1 menhir/habitant chez les jeunes et vieux de Malthusianus ; la productivité des individus d’âge mur atteignait quant à elle 6 menhir/habitant (300/50) chez les Darwiniens contre 5 menhirs/habitant (250/50) chez les Malthusiens. A l’appui de leur réclamation, les Darwiniens demandèrent à leurs meilleurs économètres de produire le tableau suivant, afin de faire apparaître clairement que leur productivité structurelle était supérieure à celle de leurs adversaires malthusiens, quand bien même leur productivité apparente était inférieure :


Ce louable effort n’eut pas l’effet escompté : instruits par le barde Attalix de l’incompétence des économistes darwiniens et n’étant eux-mêmes guère versés dans l’occultisme économétrique, les druides gaulois traitèrent cette requête avec le plus grand mépris et confirmèrent leur décision souveraine. Il n’en fallut pas plus pour mettre le feu aux poudres et déclencher une interminable guerre civile…

Cette petite fable montre les limites d’une comparaison naïve de la productivité apparente du travail entre différents pays. Qu’un pays ait une productivité apparente du travail plus élevée qu’un autre ne signifie nullement qu’un individu pris au hasard dans ce pays soit plus productif en moyenne qu’un individu pris au hasard dans un autre pays : techniquement, la moyenne d’une distribution tronquée est différente de la moyenne de l’ensemble de la distribution. Dans l’exemple qui précède, les Darwiniens sont réellement plus productifs que les Malthusiens pris globalement ; la raison pour laquelle la productivité des seconds apparaît supérieure à celle des premiers est que la fraction la moins productive des Malthusiens ne travaille pas, ce qui tend à « gonfler » artificiellement leurs statistiques.

Or, que nous apprennent les statistiques gauloises à ce sujet ? Eh bien, qu’il y a de bonnes raisons de penser que certaines caractéristiques de notre marché du travail pourraient expliquer une légère surévaluation de nos performances productives…

Ces caractéristiques sont au nombre de deux, ainsi qu’on peut le voir sur le tableau suivant :


1/ Ce que ces statistiques font d’abord apparaître, c’est que notre taux d’emploi (égal à la population en emploi rapportée à la population totale) se situe en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE : en 2002, seuls 62,2% des Français âgés de 15 à 64 ans occupaient un emploi, contre 71,9% aux Etats-Unis, 72,7% au Royaume-Uni et 65,1% en moyenne pour les pays membre de l’OCDE. Cet écart de taux d’emploi est particulièrement accusé pour deux catégories de la population : les jeunes âgés de 15 à 24 ans d’une part (taux d’emploi de 24,1% contre 43,7% dans les pays de l’OCDE) et les seniors âgés de 55 à 64 ans (39,3% contre 49,4%). Plusieurs facteurs expliquent cette situation relativement atypique :
  • une durée d’études plus longue en moyenne, qui retarde l’entrée sur le marché du travail d’une grande partie des jeunes ;
  • un taux de chômage relativement élevé, particulièrement pour les 20-25 ans ;
  • enfin, un certain nombre de dispositifs légaux qui ont eu pour effet de diminuer drastiquement le taux d’emploi des seniors : abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans, politiques d’incitation aux départs anticipés (dispenses de recherche d’emploi, préretraites, contribution « Delalande », etc.) ;
Certes, me direz-vous, mais en quoi cela influence-t-il notre productivité ? La réponse est simple : à l’image du village gaulois de Mathusianus, il est probable que la productivité des jeunes et des seniors qui ne sont pas en emploi soit plus faible que celle des adultes en emploi : les jeunes, parce qu’ils n’ont pas acquis l’expérience professionnelle de leurs aînés ; les seniors, en raison du phénomène de tassement de la productivité individuelle observée après 55 ans et surtout parce que ceux d’entre eux qui sont sortis de la population active, outre qu’ils étaient sans doute initialement moins productifs que ceux qui y sont restés, ont vraisemblablement subi une dégradation importante de leur capital humain en n’étant plus sur le marché du travail. Le fait que le taux de chômage des jeunes et des plus de 55 ans soit sensiblement plus élevé que la moyenne semble d’ailleurs plaider en faveur de cette hypothèse. Dans ces conditions, que se passerait-il si on augmentait le taux d’emploi de ces deux catégories de la population ? Selon toute probabilité, on assisterait à un abaissement relatif de la productivité horaire du travail, en vertu du même mécanisme que celui qui expliquait que la productivité apparente des Darwiniens était plus faible que celle des Malthusiens, quand bien même leur productivité structurelle était plus élevée.

2/ L’autre caractéristique du marché du travail français qui peut biaiser à la hausse la productivité apparente du travail est notre faible durée du travail : en 2002, la durée annuelle du travail en France était égale à 1437 heures/an contre 1739 heures/an en moyenne dans les pays de l’OCDE, en raison principalement d’une durée légale du travail plus faible qu’ailleurs (35 heures oblige). Or il ne paraît pas absurde de penser que les rendements de la durée du travail sont globalement décroissants : autrement dit, plus on travaille longtemps, et moins on est efficace. Cette idée était d’ailleurs au cœur de l’argumentation en faveur du passage aux 35 heures, la réduction du temps de travail devant permettre non seulement de réduire l’ « effet fatigue » des salariés, mais également d’accroître la durée d’utilisation des équipements afin d’optimiser la chaîne de production. Il est donc probable que si la durée du travail des français était portée au niveau de la moyenne des pays de l’OCDE, la productivité horaire diminuerait sensiblement.

III/ Ouf… l’honneur est sauf, par Belenos !

Les deux remarques qui précèdent devraient nous inciter à considérer avec circonspection les comparaisons de productivité apparente du travail entre pays. Au minimum, il faudrait pouvoir corriger ces comparaisons des effets structurels liés aux différentiels de taux d’emploi et de durée du travail.

C’est à cet exercice que ce sont livrés deux économistes gaulois : dans cet article paru dans la Revue économique de l’OCDE, Renaud Bourlès et Gilbert Cette proposent une estimation des niveaux de productivité structurels de 25 pays de l’OCDE sur la période 1992-2002. Malgré les limites de l’approche adoptée (petit nombre d’observations, hypothèses simplificatrices), les auteurs se sont efforcés d’estimer le niveau de productivité horaire « structurelle » qui serait observée dans les différents pays si la durée du travail et le taux d’emploi (pour chaque catégorie d’âge) étaient les mêmes qu’aux Etats-Unis, pris comme pays de référence.

Le tableau suivant reproduit les résultats de leurs estimations :


Plusieurs enseignements peuvent être tirés de la lecture de ces résultats :
1/ Pour tous les pays, le niveau relatif (aux Etats-Unis) de la productivité horaire « structurelle » du travail est inférieur à celui de la productivité horaire « observée ». Cette différence provient du fait que la plupart des pays présentent une durée du travail et un taux d’emploi plus faible que celui des Etats-Unis.
2/ Comme on pouvait s’y attendre, la productivité structurelle relative de la France diminue sensiblement par rapport à sa productivité observée : par rapport aux Etats-Unis, elle perd 15 points, en passant de 113 à 98 (ce qui signifie que notre productivité structurelle est égale à 98% de celle des Américains). Les calculs des auteurs indiquent que les deux tiers de cette diminution sont imputables à l’écart de durée du travail, le tiers restant provenant du différentiel de taux d’emploi entre les deux pays.
3/ Néanmoins, malgré cette correction, la France continue de faire plutôt bonne figure par rapport à ses voisins européens : elle n’est dépassée que par l’Irlande et la Norvège et sa productivité structurelle reste sensiblement supérieure à celle des Anglais (77), même si l’écart de productivité entre les deux pays se réduit de 30% environ.

Au total, si l’étude de Bourlès et Cette devrait inciter plus d’un commentateur à mettre de l’eau dans sa cervoise et à ne pas conclure trop rapidement à la supériorité productive du peuple gaulois, elle montre que nos performances ne sont pas humiliantes non plus, en tout cas pas autant que certains voudraient le faire croire.

IV/ Et alors ?

Que conclure de tout cela ?

1/ D’abord, que les comparaisons naïves des productivités horaires du travail sont tout sauf un bon indicateur de la productivité réelle d’un pays.

2/ Ensuite, que ces chiffres doivent au minimum être corrigés des effets structurels liés aux écarts de durée du travail et de taux d’emploi des pays considérés.

3/ Enfin et surtout, qu’il faut s’interroger sur le sens de ces écarts. La faiblesse de notre taux d’emploi et de notre volume d’heures de travail est-elle le signe d’un dysfonctionnement du marché du travail français ou bien l’expression d’un choix de société ayant contribué à améliorer le bien-être global ? Derrière cette question en apparence anodine se situe un débat particulièrement difficile à trancher, surtout en ce qui concerne la réduction du temps de travail : d’un côté, l’adoption des 35 heures peut être vue comme une politique malthusienne qui a tari artificiellement la production de richesses en France ; mais d’un autre côté, si les 35 heures n’ont fait que traduire légalement une plus forte préférence des Français pour le loisir, leur suppression serait synonyme de perte de bien-être, notamment si les individus n’ont pas la faculté de choisir librement leur temps de travail et sont contraints de travailler plus qu’ils ne le souhaiteraient (c’est d’ailleurs l’un des arguments avancé par Krugman dans sa défense du modèle français). Pour approfondir cette question, je renvoie le lecteur aux riches échanges qu’Emmanuel de Ceteris Paribus et Alexandre d’Econoclaste avaient eu il y a trois ans sur la durée du travail, en cinq actes (I, II, III, IV et V) résumés ici pour les flemmards. Et qu’on ne vienne pas nous dire après ça que les blogueurs gaulois ne sont pas productifs, par Toutatis !
_Julien_

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Très clair. Merci !

Anonyme a dit…

Rhhooooooooo!
Mais il y a deux n à Brennus, bande d'ignares ! Vae ecopublicibus, redite ad scholas bardorum ( e que s apelerio quezac).

Par ailleurs le post est excellent. Juste une question : au fond est-ce que le terme de productivité intrinsèque du travail a un sens ? C'est sûr que si on enlève le fait qu'on travaille moins, que ce ne sont pas les mêmes gens qui travaillent, que le niveau d'éducation n'est pas le même, pas plus d'ailleurs que les technologies utilisées ou les rayons dispensés chaque jour par le soleil, on ne voit pas très bien pourquoi il devrait subsister une différence de productivité entre Gaulois et autres habitants de l'OCDE.

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet (d'une maniere generale, continuez comme cela, c'est toujours un plaisir de vous lire).

J'ai neanmoins une petite question technique: quelle est la difference entre la productivite "intrinseque" et le PIB par habitant? D'apres votre fable, il semblait que vous parliez de cette quantite.

Anonyme a dit…

1)
il me manque certains éléments d'information sur cet article : comment est calculé la correction de la productivité structurelle relative ?
cette operation me semble intellectuellement a haut risque, ne pas connaitre la regle de correction appliquée est très handicapant pour juger de la performance de la demonstration :-)

2)
la productivité d'une nation repose j'imagine sur la valeur ajoutée - donc le PIB - avec tous les defauts identifiés sur cet indicateur.
De mémoire le systeme de santé US est + couteux et moins performant que systeme français. mais si l'on mesurait la valeur ajoutée du systeme medical us rapportée au personnel on en conclurait probablement qu'il est + productif (on fabrique moins de menhirs au US mais chacun coute plus cher. Comme on mesure le cout total rapporté aux producteurs on ne peut pas voir si obelix bosse plus vite ou non).

c'est une hypothèse voire une question.

3)
de même le monde associatif est exclu de la comparaison. ce qui revient a dire qu'on compare probablement du travail gratuit egale donc a zero productivité avec du travail retribué. c'est vrai je pense pour le monde du sport ou la monetarisation du travail doit etre + importante aux etats unis.

4)
on exclut le travail domestique. hors la reduction du temps de travail permet justement une moindre monetarisation de ce travail. les 35 heures ont dopé Leroy-Merlin. n'est-ce pas encore de la productivité zero du point de vue economique ?

Anonyme a dit…

Billet très intéressant. Deux remarques :
* L'étude Aubert et Crépon est moins affirmative que vous le laissez penser, puisqu'ils disent que la diminution de la productivité après 55 ans n'est pas statistiquement significative. Ce que l'on peut donc dire avec plus de certitude, c'est que la productivité est croissante jusqu'à 40 ans puis stable ensuite
* vous dites "ceux d’entre eux qui sont sortis de la population active (...) ont vraisemblablement subi une dégradation importante de leur capital humain en n’étant plus sur le marché du travail." et en gros, que si on les réintégraient, la productivité du travail diminuerait. Raisonnement biaisé sur ce point, j'ai l'impression, puisque cette baisse liée à leur réintégration ne serait pas dû à une sous-productivité intrinsèque de ces personnes, mais au système français qui les rejette plus fortement de l'entreprise. Si on ne les rejettait pas en France, ils ne seraient donc pas victimes de cette baisse de productivité (je ne sais pas si c'est clair, je précise si besoin).

Bref, l'effet "taux de chômage 20-25 ans" et l'effet "écart durée du travail" me semblent plus robustes que l'effet "taux d'emploi des séniors"

Anonyme a dit…

Une autre façon de résoudre la question est d'utiliser les comparaisons de productivité plus fines, sectorielles, ce qui se fait de plus en plus. Il y a l'étude EUKLEMS en cours :

http://www.euklems.net/

les études de McKinsey (résumées dans the power of productivity) ou des articles comme celui-là :

http://www.nber.org/papers/w13085

Tout ces éléments vont dans le sens d'une productivité apparente plus forte qu'elle n'est réellement en France, avec des ordres de grandeur de correction similaires à ceux de Bourlès et Cette. Bon post sinon, même si ce n'est pas charitable de mettre un lien vers l'une de nos plus mauvaises notes de lecture ;-)

yrduab a dit…

Bon article.

Vous gagneriez en clarté en donnant la définition de "productivité", "productivité apparente", "productivité observée","productivité structurelle".

Vous gagneriez aussi à expliquer quelle est l'importance de l'indicateur de productivité. Qu'est-ce qui est important pour l'économie d'un pays ? La productivité observée ou la productivité structurelle ?

Enfin, il me paraît très difficile de faire une extrapolation sérieuse de ce que serait "la productivité si..." puisqu'on a aucune idée de l'influence réelle des différents facteurs qu'on réintègre sur la productivité dans chacun des pays. En tirer des conclusions sur la comparaison entre pays me semble assez osé.

Anonyme a dit…

Ignorant en économie, je me pause quelques questions :
- comment est calculé le nombre total d'heures travaillées ?
- comment sait-on combien travaille un artisan indépendant par exemple ?
- les heures de travail des fonctionnaires sont-elles comptabilisées ?

Ces questions sont peut-être idiotes mais si je reprends l'exemple du village gaulois, le cantonnier qui nettoie la route d'accès et permet ainsi d'accélerer la livraison des menhir joue aussi un rôle dans l'augmentation de la productivité des tailleurs. De même les heures de l'instituteur du village qui forme les futurs tailleurs à des méthodes efficaces permet d'augmenter la productivité à terme.

Pour avoir une productivité horaire réaliste, il faudrait donc, me semble-t-il, comptabiliser toutes les heures de travail, marchand et non marchand (fonction publique mais aussi travail associatif, bénévolat,...) y compris les heures perdues dans des tâches improductives mais nécessaires à la production (temps de recherche d'emploi, durée de trajet quotidien,...). Est-ce possible ? Et finalement, un simple rapport PIB / habitant n'est-il pas plus représentatif ? Le reste n'est qu'un problème d'organisation interne, chaque pays pouvant s'organiser différemment en fonction de sa politique sociale.

Julien a dit…

@ Lexix : désolé pour cette faute impardonnable.... Oculi plus vident quam oculus.

Je reconnais bien volontiers que la notion de « productivité intrinsèque » est problématique si on entend par là la productivité qui prévaudrait si les individus des différents pays avaient rigoureusement les mêmes caractéristiques. Monsieur de la Palisse nous ferait en effet remarquer que la productivité de deux pays indistingables, impossibles à discerner et en tout point identiques serait la même. Mais précisément, ce n'est pas cela que l'économiste a en tête lorsqu'il s'efforce de comparer la productivité de deux pays : il ne s'agit pas dans son esprit de raisonner "toutes choses égales par ailleurs" (le niveau d’éducation n’est par exemple pas corrigé), mais d'essayer de purger les écarts de productivité de leur composante purement "comptable", liée au fait que d'un pays à l'autre, la fraction de la population qui participe à la production n’est pas la même et que sa productivité dépend de la durée du travail, afin de mieux isoler la composante « qualitative » de la productivité qui est déterminée par le niveau de qualification de l'ensemble de la population (et non pas des seuls individus en emploi) et par l’efficacité de l’organisation productive de l’économie.

Pour prendre une métaphore qui vaut ce qu'elle vaut, c'est un peu comme si on cherchait à comparer les performances de deux équipes de marathoniens pour savoir laquelle est la plus rapide : pour que la comparaison soit valable, il faudrait normalement faire courir tous les coureurs sans exception sur une distance identique. Si la première équipe ne fait courir que ses meilleurs coureurs sur une distance de 10 km alors que l’autre équipe fait courir l’ensemble des coéquipiers sur 20 km, on peut s’attendre à ce que la première soit plus rapide en moyenne que la seconde. Et pourtant, personne n’acceptera de considérer que prise globalement, elle est plus performante. Il en va de même pour la productivité.

Bien entendu, l’exercice à ses limites : il est très difficile d’estimer précisément ce que serait la productivité des individus qui ne sont pas en emploi. Ce genre de comparaison ne permet de fournir des ordres de grandeur.

@ sea34101 : Vous avez raison de souligner que le post n’est pas tout à fait clair sur la notion de productivité structurelle (ou intrinsèque). Contrairement à ce que laisse entendre la fable, la productivité structurelle n’est pas une mesure absolue, mais une mesure relative : il s’agit d’estimer la productivité qui prévaudrait dans un pays si ce dernier avait le même taux d’emploi et la même durée du travail qu’un autre pays, pris comme point de référence. Ici, le point de référence est le village de Darwinianus : on cherche à évaluer quelle aurait été la productivité des Malthusiens si leur taux d’emploi avait été le même que chez les Darwiniens. En l’occurrence, la productivité structurelle des Malthusiens est égale à 75% de la productivité des Darwiniens. Mais on aurait pu tout aussi bien calculer la productivité structurelle des deux villages en prenant le village de Malthusianus comme point de référence, c’est-à-dire en excluant les jeunes et vieux du calcul : dans ce cas, la productivité structurelle des Malthusiens serait égale à 250/50 = 5 menhirs/travailleur et celle des Darwiniens à 300/50 = 6 menhirs/travailleur. On trouverait donc que la productivité structurelle des Darwiniens est égale à 120% de celle des Malthusiens. On voit donc que la mesure varie selon point de référence choisi (puisque 120% n’est pas égal à l’inverse de 75%). Dans l’article de Bourdès et Cette, la productivité structurelle est évaluée en pourcentage de la productivité américaine.

Le PIB par habitant ne fournit pas une bonne mesure de la productivité structurelle, parce que cela reviendrait à faire l’hypothèse que les individus qui ne participent pas à la production ont une productivité potentielle égale à zéro quel que soit le pays considéré. Or, non seulement la productivité potentielle des individus qui ne sont pas sur le marché du travail n’est pas nulle, mais elle diffère d’un pays à l’autre. Dans la petite fable racontée dans le post, la production par habitant dans le village de Malthusianus est égale à 250/100 = 2,5 menhir/habitant contre 400/100= 4 menhirs/habitant dans le village de Darwinianus. Or la productivité potentielle des Malthusiens qui ne participent pas à la production n’est pas nulle, mais égale à 1 menhir par individu, si bien que si tous travaillaient, leur productivité structurelle serait égale à 3 menhirs par travailleurs. L’utilisation de la production par habitant tendrait donc ici à sous-estimer leur productivité structurelle. Ce que mesure le PIB par habitant, c’est la richesse moyenne dans un pays, pas la productivité.

@ greenbox : Pour répondre à vos questions :

1/ J’ai préféré ne pas entrer dans les détails techniques des calculs de Bourdès et Cette pour ne pas alourdir inutilement ce post déjà trop long. En deux mots, leur approche consiste à estimer une équation dynamique permettant de quantifier l’influence des variations du taux d’emploi et de la durée du travail sur la productivité horaire du travail puis, munis de ces coefficients, de calculer la productivité qui prévaudrait dans chaque pays si son taux d’emploi et sa durée du travail étaient égaux à ceux des Etats-Unis. Pour corriger leurs résultats d’éventuels biais de simultanéité, les auteurs recourent ensuite à une estimation par variables instrumentales. Compte tenu de la taille réduite de leur échantillon et de la qualité relativement médiocre de leurs instruments, ils reconnaissent que leurs estimations ne peuvent fournir que des ordres de grandeur pour la comparaison des niveaux de productivité structurelle. Pour de plus amples détails, je vois renvoie directement à la deuxième partie de leur article

2/ Certes, le PIB est une mesure imparfaite du niveau de développement d’un pays. Le niveau de productivité d’un pays ne permet donc pas d’affirmer que celui-ci est plus performant qu’un autre dans la production de bien-être global : cet indicateur se contente de mesurer sa performance dans la production de biens et services évalués en termes monétaires. Concernant le secteur de la santé, vous avez raison de faire remarquer qu’une productivité horaire plus forte ne signifie pas nécessairement que ce système soit plus efficace, le bien-être des patients n’étant que très imparfaitement mesuré par le coût des services médicaux dont ils bénéficient (on peut en effet supposer qu’à coût égal, le service médical rendu en France est de meilleur qualité qu’aux Etats-Unis).

3/ En réalité, la production réalisée par les associations est partiellement comptabilisée dans le PIB : les institutions à but non lucratif employant au moins un salarié, qui rassemblent 15% environ des 900 0000 associations qui existent en France (les plus importantes en particulier), figurent dans la comptabilité nationale. D’après les estimations de cette étude, 128 000 institutions à but non lucratif employaient 1,4 millions de salariés en 2002 et leur valeur ajoutée atteignait 45 milliards d’euros, si bien que leur contribution à la production était égale à 2,9% du PIB. D’après les estimations disponibles, les autres associations, qui ne fonctionnent que grâce au travail bénévole et qui ne sont pas incluses dans les comptes nationaux, emploieraient environ 800 000 individus en équivalent temps plein et leur contribution ne dépasserait pas 1% du PIB. On peut donc raisonnablement penser que leur prise en compte ne modifierait pas sensiblement les chiffres de la productivité. Surtout, je ne pense pas que cela tournerait à l’avantage de la France : outre le fait qu’aux Etats-Unis, le secteur à but non lucratif (non profit sector) emploie plus de salariés qu’en France (7,8% contre 4,9% de l’emploi total), le bénévolat y est davantage développé (4,5% de l’emploi total aux Etats-Unis contre 2,7% en France).

4/ Le travail domestique n’est effectivement pas comptabilisé dans la production nationale. Cependant, j’ai tendance à penser que son poids reste relativement marginal (je ne connais pas d’étude empirique qui ait cherché à en quantifier l’importance), si bien que les écarts entre pays imputables aux écarts de temps libre ne me paraissent pas de nature à expliquer une part significative des différentiels de productivité.

@ Olivier Bouba-Olga : Il est exact que le message principal de l’article d’Aubert et Crépon est que la productivité ne décline pas vraiment avec l’âge. Les auteurs ajoutent cependant un bémol à cette conclusion (cf. cette note par Patrick Aubert), en montrant que la productivité semble bien décliner après 55 ans, même si c’est de manière non significative (cf. en particulier le graphique 10 de leur article). La plupart des études empiriques consacrées à ce sujet tendent d’ailleurs à conclure à un tassement de la productivité après 50 ans (cf. cette revue de la littérature)

Je reconnais que l’argument de la dégradation du capital humain des seniors qui ont été éloignés du marché du travail peut paraître un peu fallacieux au premier abord, dans la mesure où cette dégradation n’aurait pas eu lieu en présence d’un taux d’emploi plus élevé. Mais si l’objectif est d’évaluer la productivité « latente » de l’ensemble de la population aujourd’hui, alors il faut prendre en compte l’état actuel du capital humain. Autrement dit, si on veut savoir quelle est en 2007 la productivité horaire « moyenne » d’un Français par rapport à celle d’un Américain, on ne peut raisonner en supposant que les seniors qui réintègreraient le marché du travail aujourd’hui auraient le même niveau de productivité que s’ils y étaient restés. Entre-temps, les performances productives de cette main-d’œuvre ont diminué, ce qui a affecté négativement la composante « qualitative » de la productivité structurelle en France.

@ Alexandre Delaigue : Merci pour ces références. Je connaissais l’article de Bloom et al., mais pas le projet EUKLEMS. Et désolé pour le lien : il n’y avait aucune intention maligne de ma part :)

@yrduab : A la relecture, je me rends compte que j’aurais mieux fait d’expliciter davantage la définition des différentes version de la productivité dont je parle dans le post.

Le terme « productivité » désigne ce qu’on cherche à mesurer, à savoir la performance productive moyenne d’un pays : autrement dit, la production horaire d’un individu tiré au hasard dans la population de ce pays.

La « productivité observée » est un synonyme de la « productivité apparente » et désigne l’indicateur habituellement utilisé pour mesurer la productivité d’un pays : il s’agit de la valeur ajoutée divisé par le volume d’heures travaillées. En principe, il s’agit d’une mesure absolue : en France, la productivité horaire apparente du travail était égale à 39,6 euros par heure travaillée en 2005. Pour pouvoir comparer la productivité apparente du travail d’un pays à l’autre, il est nécessaire de procéder à une normalisation en prenant un pays comme point de référence, comme dans le premier histogramme du post où la productivité apparente est calculée en pourcentage de la productivité apparente aux Etats-Unis. La productivité horaire apparente du travail en France était en 2002 égale à 113% de celle des Etats-Unis.

La « productivité structurelle » est une estimation de la productivité apparente corrigée des effets du taux d’emploi et de la durée du travail. Cette mesure est relative : il s’agit de mesurer quelle serait la productivité du travail observée si un pays donné (par exemple la France) avait le même taux d’emploi et la même durée du travail que les Etats-Unis. D’après les estimations de Bourdès et Cette, la productivité horaire structurelle du travail en France était en 2002 égale à 98% de celle des Etats-Unis.

Anonyme a dit…

Aaah ! mais il récidive, le bougre ! c'est La Palice (Jacques de son petit nom, maréchal de France et beau gosse de surcroît, paraît-il), bien qu'on parle de lapalissade.

Oculi crucruchae plus vident quam oculus thesardis, on dirait.

(bon sinon bien sûr le billet est excellent... c'est juste que comme poster un commentaire juste pour approuver est contre tous mes principes, j'ai trouvé ce prétexte pour avoir l'air d'ajouter quelque chose au débat).

Anonyme a dit…

Je rêve, ou la nouvelle image d'illustration est extraite d'Hercule à New York? :D

Anonyme a dit…

Merci, pour cet article très instructif. En tant que béotien en matière d'économie, je n'ai réalisé la supériorité de l'une ou l'autre approche de la productivité (intrinsèque ou structurelle). Il me semble que tout dépend tout point de vue : pour une approche de choix d'implantation d'une entreprise, par exemple, la productivité intrinsèque est sans doute l'élément le plus déterminant (puisqu'il s'agit de faire travailler des personnes, et c'est bien la cible visée dans cette démarche de calcul). Il reste bien évidement de nombreux autres facteurs liés au coût du travail, aux réglementations diverses, etc... Pour la productivité structurelle, peut-être est-ce plus un indicateur de productivité "social" ?

Julien a dit…

@ Thierry : Vous posez une question très intéressante. Le nombre d’heures travaillées en France est calculé par la Dares et par l’Insee à partir de deux enquêtes distinctes :
1/ L’enquête ACEMO (Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre), réalisée par la Dares tous les trimestres auprès des entreprises de plus de 10 salariés (par sondage en-dessous de 50 salariés, de manière exhaustive au-dessus de ce seuil). Cette enquête permet en particulier de savoir précisément quelle est la durée collective hebdomadaire habituelle en vigueur au sein de chaque entreprise.
2/ L’enquête Emploi, effectuée par l’Insee chaque année, permet d’estimer le volume d’heures travaillées dans les entreprises de moins de 10 salariés et parmi les indépendants et professions libérales, à partir des durées individuelles déclarées par les personnes enquêtées.

Le nombre d’heures travaillées en France inclut donc les heures travaillées par les travailleurs indépendants, les professions libérales et les fonctionnaires. Les heures travaillées par le cantonnier qui nettoie la route et accélère la livraison des menhirs et par l’instituteur qui forme les futurs tailleurs de menhirs est donc bien comptabilisé dans les statistiques de la comptabilité nationale.

Le travail associatif réalisé dans le cadre des institutions à but non lucratif employant au moins un salarié est comptabilisé. En revanche, ni le travail bénévole, ni le travail domestique ne sont comptabilisés, pas plus que les heures « perdues » dans les tâches improductives mais néanmoins nécessaires à la production. La raison de cette non-compatabilisation provient d’une difficulté technique majeure : comment estimer proprement ces durées ? Cet oubli n’est susceptible de biaiser les comparaisons internationales de productivité du travail que dans la mesure où ces durées varient d’un pays à l’autre. Comme je l’expliquais dans la réponse que j’ai faite plus haut à greenbox, les estimations existantes de la production bénévole et de la production domestique laissent penser que leur poids dans la production reste très marginal.

@ Lexica : certes, perseverare diabolicum, mais en l'occurrence il me semble que l'expression « Monsieur de La Palisse » admet plusieurs orthographes. Le nom du fameux maréchal s’orthographiait en effet avec un « c », mais dès le XVIIe siècle, on écrivait également son nom avec deux « s ». Ainsi, la Chanson de La Palisse composée par Bernard de la Monnoye commence par ces vers : « Messieurs, vous plaît-il d’ouïr / L’air du fameux La Palisse ? / Il pourra vous réjouir / Pourvu qu’il vous divertisse »

@ Alexandre Delaigue : en effet, le monsieur sur la photo n’est autre que Mr Governator. Je crois que vous avez raison : cette scène a toutes les chances d’être extraite d’Hercules in New York, un chef-d’œuvre oublié…

@ Vince : je ne suis pas certain que la productivité des individus soit la première dimension à laquelle s’intéressent les entrepreneurs désireux de s’implanter dans un pays donné. La théorie économique enseigne en effet que le salaire d’un individu est égal à sa productivité, si bien qu’il n’y a pas de raison pour qu’un producteur embauchant des individus très productifs « fasse des économies » sur leur dos. En revanche, l’entrepreneur va se demander si le pays en question possède une main-d’œuvre avec des qualifications correspondant à ses besoins, si ses infrastructures sont de bonne qualité, si le marché est porteur, si la fiscalité y est avantageuse, etc. Mais si la productivité n’est pas parfaitement incorporée dans les salaires, alors on peut en effet considérer que c’est la productivité apparente du travail dans son secteur d’activité qui va intéresser le producteur, et non pas la productivité structurelle dans le pays.

Anonyme a dit…

Outre les éléments susceptibles de déformer les comparaisons internationales que vous citez, il serait nécessaire de tenir compte:
(1) de l'intensité du travail, bien qu'elle soit évidemment difficile à mesurer. Les performances françaises lui doivent semble-t-il beaucoup. On peut, à titre d'exemple, comparer les performances des diverses usines du groupe Toyota dans le monde.
(2) Du capital. On sait que la substitution K/L est élevée en France et que les comparaisons internationales de PTF nous sont généralement moins favorables que les comparaisons de productivité du travail.

Anonyme a dit…

Cet article est très intéressant, mais ne serait il pas juste aussi de considérer que l'heure de travail n'est pas un bon référentiel lorsque les salaires et charges sociales sont différents entre les belligérants. Plus le coût horaire sera important, plus une entreprise aura intérêt a automatiser sa production et donc a diminuer le nombre d'heure nécessaire a sa production. Cela n'a t'il pas un effet considérable sur la productivité? Pensez vous alors que cette productivité à encore un sens en tant que tel ?

amiribel a dit…

Désolé d’arriver si tard dans le débat.
Vous avez beaucoup d’humour. Les économistes sont-ils tous aussi marrants que vous ?
N’étant pas moi-même familier des statistiques économiques je me pose une question : si la productivité est le rapport de la valeur ajoutée produite au nombre d’heures travaillées il me semble que la nature de la valeur ajoutée varie énormément d’un pays à l’autre et donc impacte les résultats et les comparaisons. (On ne fait pas tous les mêmes menhirs !).
En d’autres termes si la France est plutôt douée pour fabriquer et vendre des produits à forte valeur ajoutée comme l’électricité nucléaire, les TGV, les chars LECLERC, les MIRAGES, les AIR BUS ou des services comme l’Ingénierie Informatique ou la Maitrise d’œuvre de Grands Chantiers, sa VA par « travailleur » (sa productivité) sera élevée.
Pour autant les autres « travailleurs », qui ne sont pas les moins nombreux et qui bossent sur une ligne d’assemblage de voitures, dans le bâtiment, ou dans n’importe quelle activité moins génératrice de VA, ces « travailleurs » ne sont vraisemblablement pas plus productifs en France qu’ailleurs (et peut-être même moins qu’ailleurs si on tient compte qu'ils utilisent des investissements vieillissants ou obsolètes dans les industries de transformation qui n’ont pas encore délocalisées).
En outre, si alors on ramène la production de cette catégorie de « travailleurs » (leur VA générée) non pas au seul nombre d’heures mais au nombre d’heures multiplié par le cout horaire chargé, alors, la productivité économique, pour ces autres activités, ne serait elle pas l’une des pires au monde ?

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