jeudi 29 novembre 2007

Le « problème » des retraites (1/40) : les faits et les choix


La question des retraites est de nouveau d’actualité, avec la réforme des régimes spéciaux et le rendez-vous programmé de 2008 pour la suite des réformes dans les autres régimes. Thomas Piketty a esquissé un programme ambitieux de réformes dans une chronique dans Libération qui a donné lieu à quelques débats sur le blog d’Econoclaste. C’est l’occasion de faire un peu de pédagogie sur le fonctionnement des systèmes de retraite : afin de comprendre les enjeux de toute réforme, il faut être bien au clair sur la façon dont le système fonctionne aujourd’hui. Des choix politiques restent à faire et si nos concitoyens gaulois pouvaient choisir en connaissance de cause, le débat démocratique serait bien plus apaisé. Je commence aujourd’hui une longue série de posts sur les retraites par les changements démographiques qui sont à l’origine des déséquilibres des régimes de retraite. Ce sont des choses connues, qui ne font plus tellement débat aujourd’hui, mais on ne perd pas grand chose à les répéter. D’autres posts suivront sur les systèmes de retraite, histoire de vous donner de la lecture pour la longue retraite qui vous attend. Car cette retraite va être longue…

I/ Le « problème » : nous vivons longtemps, toujours plus longtemps

Le débat sur les retraites ne date pas d’hier. Il a commencé par un débat sur la réalité des changements démographiques. Les premières études posant la question de la soutenabilité des retraites reposaient sur des estimations du changement du ratio démographique (ratio entre les plus de 65 ans et les jeunes en âge d’être actif). Ce ratio allait se détériorer sous l’effet de trois évolutions : la baisse de la natalité, l’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby-boom et l’augmentation de l’espérance de vie. A l’époque, c’était la baisse de la natalité qui concentrait l’essentiel de l’attention. Certains commentateurs avaient exprimé leur scepticisme sur les conséquences à tirer pour les régimes de retraite de ces évolutions. Ils opposaient aux constats dramatiques sur l’équilibre financier des régimes de retraite, le fait que la baisse de la natalité allait entraîner une baisse des dépenses consacrées aux jeunes inactifs (baisse des dépenses d’éducation et de famille). Après quelques années de débat sur la réalité de la dégradation du ratio démographique, un consensus a finit par émerger autour de l'idée que c’est l’augmentation de l’espérance de vie qui allait être le moteur majeur de la dégradation du ratio démographique. Le papy-boom (l’arrivée à l’âge de la retraite des générations nombreuses de l’après-guerre) allait accentuer cette dégradation du ratio démographique, mais en rien rendre cette évolution transitoire (je vous commande à ce titre un 4 pages de Didier Blanchet dans Population et Société qui fait le récit de ces débats avec une clarté et un effort pédagogique qui forcent l’admiration).

Quelles sont les conséquences de l’importance de l’augmentation de l’espérance de vie parmi ? Elles sont au nombre de deux et sont loin d’être anodines pour la bonne compréhension du « problème » des retraites.

La première est que l’idée qu’il faudrait « faire des enfants » ou accroître les flux d'immigration pour résoudre « le problème » des retraites est erronée. En effet, l’accroissement du nombre des actifs qui s’en suivrait engendrerait d’autres retraités vivant plus longtemps, qui lui-même réclamerait un accroissement encore plus grand de la population active pour financer les retraites et ainsi de suite indéfiniment. Pour reprendre les mots de Didier Blanchet, « il faudrait un baby-boom perpétuel ou bien des flux migratoires considérables et d’ampleur croissante donc, dans les deux cas, une croissance démographique rapide et sans fin. » Le graphique ci-dessous, extrait de l’article de Blanchet, montre de manière frappante que quels que soient les scénarios de mortalité ou de fécondité, le nombre de personnes en âge d’être en retraite augmente fortement, alors que le nombre d'actifs varie peu (il baisse même légèrement). L’augmentation de l’espérance de vie ne pourra donc pas être compensée durablement par un simple changement des comportements de fertilité, ni par le recours à une plus forte immigration.


La seconde conséquence est que ces changements démographiques ne sont pas transitoires mais durables : le ratio de dépendance démographique ne va pas augmenter puis baisser (comme l’idée du « papy-boom » pourrait le laisser croire) mais simplement augmenter vite, puis augmenter moins vite. Avec un choc démographique transitoire, on aurait pu envisager de lisser dans le temps ce choc en creusant temporairement le déficit budgétaire, mais cette possibilité ne peut être ici envisagée.

Arrêtons-nous un moment sur cette augmentation de l’espérance de vie. Le graphique ci-dessous (projections d’espérance de vie de l’INSEE) donne une idée de l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les filles sont en rose et les garçons en bleu. A partir de 2007, les estimations sont des prédictions (hautes, basses ou moyennes).


On voit qu'à la naissance, l'espérance de vie des petits(es) gaulois(es) était de 63 ans (69 ans) en 1950, contre 77 ans (85 ans) aujourd'hui, et autour de 86 ans (94 ans) en 2050. Quand en 1945, l’âge de la retraite était de 65 ans, l’espérance de vie des hommes se situait en-dessous de cet âge. L’assurance vieillesse méritait alors bien son nom d’assurance contre le risque vieillesse, la plupart des hommes ne pouvant espérer profiter que d’une retraite de courte durée, si tant est qu'ils en aient profité du tout.

L’augmentation de l’espérance de vie n’a pas eu de conséquences très importantes pour les régimes de retraite jusqu’aux années 1970. Pendant les deux décennies qui suivent l’après-guerre, l’essentiel des gains d’espérance de vie provient en effet de la baisse de la mortalité infantile. Celle-ci conduit à l’augmentation de l’espérance de vie mais pas à l’augmentation de la durée moyenne de la retraite, dans la mesure où l'espérance de vie de ceux qui ont atteint l'âge de la retraite (60, puis 65 ans) ne s'est pas beaucoup allongée au cours de la période, comme on peut le constater sur le graphique suivant :


Ce graphique indique que si les hommes qui atteignaient 60 ans en 1950 pouvaient espérer en moyenne toucher leur pension pendant 15,4 ans, 20 ans plus tard, ils avaient gagné moins d'un an d’espérance de vie, à 16,2 ans (soit un gain moyen de 2 semaines par an).

Tout change à partir du début des années 1970 : les gains d’espérance de vie se concentrent alors aux âges élevés et l’espérance de vie à 60 ans se met à fortement augmenter. Elle dépasse 20 ans en 1997 pour les hommes (tandis que les femmes sont à plus de 25 ans). L'espérance de vie à l'âge de la retraite s'accroît ainsi de près d’un trimestre par an (soit 5 fois plus rapidement qu’entre 1950 et 1970). Ces chiffres suscitent souvent des commentaires incrédules et nombreux sont ceux pensent que ces prédictions sont surévaluées, au nom d'une théorie du complot qui voudrait que le gouvernement oblige l’Insee à surestimer l’espérance de vie dans le seul but de baisser les retraites... En réalité, c’est plutôt l’inverse qui s’est produit depuis une quinzaine d’année : les prédictions officielles d’augmentation de l'espérance de vie ont toujours été dépassées par la réalité et l’Insee a dû périodiquement les réviser à la hausse, du fait de l’augmentation plus forte de l’espérance de vie aux âges élevés.

Pour donner une autre illustration graphique de ces changements démographiques, on peut reprendre la pyramide des âges bien connue de tous collégiens français et étudier son évolution au cours du temps (il s’agit d’une animation réalisée par l’Insee):


On voit mieux l’arrivée à la retraite des papy-boomers, la disparition des classes creuses dues à la faible natalité de la première guerre mondiale et l’augmentation vers le haut de la pyramide sous l’effet de l’augmentation de l’espérance de vie. Les scénarios de mortalité (haute ou basse) sont à peine visibles avant 2040 par rapport aux changements démographiques majeurs.

II/ Les conséquences pour les régimes de retraite

Les régimes de retraite par répartition (je reviendrai un autre jour sur la question de la capitalisation) fonctionnent selon un principe simple : un prélèvement des actifs (cotisations) sert à financer les pensions des inactifs. Ces régimes sont en équilibre si le montant des cotisations est égal au montant des pensions versées. Le montant des cotisations est égal au nombre d’actifs, multiplié par leur taux d’emploi, multiplié par leur salaire moyen, multiplié par le taux de cotisation retraite. Le montant des pension est quant à lui égal au nombre de retraités multiplié par la pension moyenne. De l’égalité entre les cotisations et pensions, on peut tirer l’équation qui détermine l’équilibre financier des régimes de retraite :


Les changements démographiques vont faire augmenter le ratio de dépendance démographique (le deuxième terme de la partie droite de l'équation). Dès lors, pour maintenir l’équilibre, il faudra soit augmenter le taux de cotisation (ce qui aura pour conséquence de baisser les salaires nets et les pensions), soit baisser le taux de remplacement (c'est-à-dire diminuer le montant des pensions), soit repousser le départ en retraite effectif (ce qui permettra d'accroître l'augmenter le taux d'activité et donc de faire baisser le troisième terme de la partie droite de l'équation).

Après quelques années de débat et de multiples rapports, un consensus semble avoir été atteint en France sur ce diagnostic et sur ces choix. Le Conseil d’orientation des retraites a ainsi publié des « fiches pour le débat » qui mettent bien en lumière ce consensus.


Le graphique ci-dessus représente l’ensemble des choix possibles pour faire face aux changements démographiques précédemment évoqués : en abscisse est représenté le taux de remplacement (le rapport entre la pension et le salaire net), en ordonnée sont représentées les hausses de cotisations (en points du salaire brut) et les diagonales représentent les variations de l’âge de la retraite. Il s’agit de l’illustration chiffrée de l’équation précédente et des choix qu’elle implique. Prenons la plus haute diagonale (droite CAB) . Sur celle-ci tous les points correspondent à un âge de cessation d’activité constant en 2040 égal à l’âge actuel (un peu plus de 58 ans en moyenne). On fait varier les deux autres paramètres quand on se déplace sur cette diagonale. Par exemple le point A correspond à un taux de remplacement de 64% du salaire net et 9,5 points de cotisations en plus, le point B correspond à un taux de remplacement de 78% (celui observé aujourd’hui) et a 15 points de cotisations en plus et le point C à un taux de remplacement de 42% sans hausse de l’âge de la retraite ni des cotisations.

En 2003 nous étions au point E. La réforme Balladur va conduire (dans le secteur privé) à une baisse du taux de remplacement à l’horizon 2040 (de 78% à 64%) pour atteindre le point D. Si l’on voulait revenir sur cette réforme, il faudrait soit augmenter l’âge de départ en retraite de 9 ans (point E), soit augmenter les cotisations de 15 points (point B). Si l’on n’accepte ni d’augmenter les cotisations ni d’augmenter l’âge de départ, le taux de remplacement doit chuter de 78% à 42% (point C). Tous les points du graphique représentent une combinaison possible de « solution » du problème des retraites.

L’autre manière de considérer le problème est de discuter la part des retraites qui doit être assurée par l’assurance vieillesse obligatoire (et donc par des prélèvements obligatoires). En l'absence de réforme (et sans prendre en compte la réforme Fillon), l’augmentation des prélèvements nécessaires pour financer les retraites est de l’ordre de 4 points de PIB à l’horizon 2040 (avec le PIB de 2040 et non d’aujourd’hui), soit plus que la part de l’impôt sur le revenu actuel... Si l’on veut maintenir les prélèvements obligatoires constants (proposition de Ségolène Royal) ou les baisser (proposition de Nicolas Sarkozy) et financer ces augmentations de durée de retraite par l’augmentation des prélèvements, il faut alors baisser les autres dépenses publiques de l’équivalent de 4 points de PIB (pour donner un ordre de grandeur, on pourrait y parvenir en privatisant entièrement l’éducation nationale). Si l’on ne veut pas baisser les autres dépenses publiques, alors il faut accepter une augmentation similaire des prélèvements obligatoires.

Les réformes mises en place (celles de 1993 et 2003) ne vont pas régler l’ensemble du problème : d’après les estimations les plus récentes, et sous des hypothèses optimistes de réduction du chômage, elles permettraient de faire 50% du chemin d’ici à 2020 et 30% d’ici à 2040.

Des choix restent donc à faire. Le « problème » des retraites n’est pas tant un problème sans solution qu’un problème avec une infinité de solutions : de multiples combinaisons sont possibles entre l’augmentation des cotisations, la baisse des pensions, l’augmentation de l’âge de la retraite, l’appel à l’épargne privée, l’appel à la capitalisation publique. Chaque combinaison peut elle-même prendre des formes différentes dont on discutera plus tard. Au final, la seule vraie difficulté est que ces choix sont des choix collectifs qui engagent des Gaulois qui ne sont pas encore nés et qui dépendent des choix de nos ancêtres (les Gaulois)…
_Antoine_

23 commentaires:

Gu Si Fang a dit…

Bravo pour ce post très bien documenté. Vivement les 39 prochains épisodes!

Au risque de m'attirer quelques foudres, je souhaite redire comme sur Econoclaste que la démographie n'est pas la cause profonde de notre problème de retraites. Cela ne remet pas en cause votre analyse technique de l'impact démographique. Les chiffres et les graphiques sont sans ambiguité. Mais la vraie source du problème est à chercher dans le système lui-même.

Notez que les assureurs privés qui offrent à leurs clients des rentes viagères sont soumis au même problème technique puisque l'espérance de vie de leurs assurés augmente. Certes, ils n'appliquent pas la formule de répartition présentée ici. Mais ils sont bien obligés de verser les rentes plus longtemps. Or il n'y a jamais eu de loi, de réforme, et encore moins de manifs au sujet des rentes viagères. La raison est que n'importe quel actuaire est capable de faire les calculs présentés ici avec une marge d'erreur raisonnable. Ensuite c'est l'assuré qui choisit et qui autofinance sa rente avec les paramètres qu'il souhaite. Au passage j'insiste sur "autofinance" puisque "l'objectif [de la répartition] n’est pas de redistribuer des riches vers les pauvres". C'est Piketty qui le dit ;-) et il a raison : la redistribution est un sujet distinct des retraites.

Le vrai problème est que dans la retraite par répartition, il n'y a pas de choix, pas de négociation entre l'assuré et son assureur, pas d'accord contractuel, et l'autofinancement est un lointain souvenir. Ce qui est donné aux uns est pris aux autres. Ceci conduit à des prises de position bloquées comme on l'a constaté en 1995 et encore récemment. Car toute hausse de la retraite des uns est obtenue au détriment des cotisations des autres et vice-versa. Dans ces conditions, le système devient un noeud de tensions sociales. Il tend à culpabiliser la génération des papy-boomers et à victimiser les générations qui naissent aujourd'hui. Ces oppositions se résolvent par le combat : celui qui a le plus de poids politique l'emporte. En un mot, c'est la "guerre légale de tous contre tous" (B.Leoni).

S'il était possible de gérer un tel système de façon rationnelle, on n'aurait jamais du entendre parler de problème démographique. On pouvait imaginer mille solutions pour gérer les variations démographiques. Pour ne citer qu'un exemple : on aurait pu constituer des réserves au moment où les papy-boomers sont arrivés sur le marché du travail. Mille solutions, et pourtant, en 25 ans de palabres, on a l'impression que tout reste à faire ou presque.

Non, la démographie sert de bouc-émissaire à un système qui était mal parti dès le départ (j'espère que vous direz un mot de son histoire). C'est tout au plus un révélateur, mais ce n'est pas la cause profonde du problème.

Anonyme a dit…

Je pense que l'importance de l'augmentation de la durée de la vie pour les trente années à venir est très exagérée.
on peut raisonnablement tabler sur une hypothèse basse de faible augmentation moyenne avec :
- une paupérisation croissante de la population entraînant de mauvaises conditions de vie (alimentation, hygiène ==> maladies, mortalité),
- une paupérisation croissante des hopitaux publics par rapport à leur équivalents privés que 'jai malheureusement eu l'occasion d'expérimenter :(
- l'augmentation forcée de l'âge auquel on doit continuer à travailler pour vivre ("travailler plus pour vivre moins longtemps" en quelque sorte ;) ) allant à l'opposé de la tendance des dernières décennies.

Cela n'empêche pas que le système des retraites parte dans le mur, et ce depuis longtemps, mais la présentation statistique de l'évolution démographique ne prend pas assez en compte, à mon sens, les évolutions sociales actuelles.

Anonyme a dit…

Excellent post. Mais un élément n'a pas été abordé (peut être dans les 39 posts suivants) qui pèse aussi sur la population active, c'est le retardement de l'entrée dans la vie active.

Pour prendre mon cas personnel probablement extrême et encore, je n'ai commencé à cotiser qu'à 26 ans (si l'on excepte des jobs d'été et autres stages plus ou moins rémunérés dont la consolidation risque de bien me faire rigoler le jour où je vais m'y mettre). Alors pour avoir les 40 annuités requises (puis 41, 42...), je vais devoir travailler jusqu'à 66 ans au moins.

On peut espérer que l'espérance de vie va encore s'allonger, mais est-ce qu'elle augmente au même rythme que l'allongement des études ? Et quelle proportion cet allongement des études représente dans la diminution de la part de la population active dans le ratio de dépendance ? Autant de questions passionnantes qui je l'espère trouveront des réponses dans les prochains épisodes.

Et concernant les remarques de Gu Si Fang, peut être serait-il bon d'évoquer une notion comme le Soft Paternalism, qui tend à montrer que la liberté de choix n'est pas toujours automatiquement optimale, ne serait ce qu'à cause de problèmes d'asymétrie d'information, de préférences pas clairement déterminées, etc... :

http://en.wikipedia.org/wiki/Soft_paternalism

Antoine a dit…

@Gu si fang: je reviendrai plus tard à la fois sur l'historique du système actuel et sur le débat répartition capitalisation. Mais en un mot, un régime par capitalisation entraîne le même type de choix entre moindre pension (rente plus faible), âge de la retraite et niveau de prélèvement (épargne au lieu de cotisations).

Par contre vous avez raison de souligner que le système actuel n'a pas de mécanisme automatique de stabilisation: il faut une décision politique pour modifier le système. Pour que cela marche, il faut que les gens comprennent comment fonctionne le système. Mais cette stabilisation automatique n'est pas propre au financement par capitalisation: le système suédois de comptes notionnels fonctionne en répartition et inclut un principe similaire d'adaptation actuariel à l'augmentation de l'espérance de vie. J'y reviendrai en détails un autre jour.

@Hildoceras: si cela peut vous rassurez, vous n'êtes pas le seul à pensez cela, mais je pense profondément que vous avez tort.
- il n'y a aucune évidence de paupérisation croissante de la population: vous avez une image totalement déformée de la pauvreté il y a 30 ans. Le fait qu'il est dramatique et scandaleux que la part de la population qui vit dans la misère n'ait pas baissé ne signifie pas que les pauvres d'aujourd'hui vivent moins bien (de façon absolue) que les pauvres d'il y a 30 ans.
- vous partez du présupposé que travailler plus réduit l'espérance de vie. C'est plus que douteux. L'âge de la retraite très élevée des Japonais ne les a jamais conduit à avoir une plus faible espérance de vie que les Français. Prétendre que l'augmentation de l'espérance de vie de ces trente dernières années est due à la baisse de l'âge de la retraite me paraît vraiment peu convaincant (les quelques évidences qui existent pointent le contraire). Par ailleurs, je ne sais pas où vous voyez "l'augmentation forcée" de l'âge auquel on doit continuer à travailler pour vivre: la durée en retraite n'a jamais été aussi longue, et elle ne va pas diminuer! En moyenne, les Français cessent leur activité à 58 ans, s'ils cessaient en moyenne à 64 ans, il n'y a plus aucun problème de retraite à l'horizon 2040. Cela serait moins qu'il y a trente, avec la "petite différence" qu'il y a trente ans, vos grands-parents avaient qques années de retraite et non 25-30 ans!!

Je trouve par contre problèmatique que votre commentaire soit partagé par une majorité de nos concitoyens: le fait qu'une grande majorité de Français qui vit dans une extrême abondance au regard des siècles passés (même des décennies) et de la grande majorité de la planète (qui meurt jeune, sans retraite et qui travaille 16h par jour pour se nourrir) passent leur temps à se plaindre et à se croire les plus pauvres de la terre me met extrêmement mal à l'aise.

Ce n'est pas contre vous, mais ce genre de discours "café du commerce" m'agace au plus haut point. J'espère que vous me comprenez.

Antoine a dit…

@Sergent Howie: vous soulevez un point très intéressant (et peu abordé par les économistes). La durée des études a fortement augmenté et doit jouer sur la durée de vie active (je vais me renseigner sur des données précises à donner dans les prochains épisodes) en même temps, la durée des études devrait être liée au rendement de ces études (l'éducation permettant d'être plus productif et donc d'obtenir des salaires et des retraites plus élevés).

Anonyme a dit…

Juste un petit bravo pour ce poste très intéressant, et les commentaires attachés :-)

Anonyme a dit…

Comme d'hab un très bon billet sur un sujet délicat. Bravo !

J'aimerais quand même revenir sur :

"l’idée qu’il faudrait « faire des enfants » ou accroître les flux d'immigration pour résoudre « le problème » des retraites est erronée."

Cette phrase me fait tiquer ! A l'heure actuelle il semble clair que nous allons manquer de cotisants du fait d el'inversion de la pyramide des âges. Donc il paraît logique qu'un afflux de main d'oeuvre puisse être la bienvenue pour palier à ce déficits de cotisants, non ? Et ce même si qui dit plus de cotisants, dit aussi plus de retraités lorsque lesdits cotisants deviendront à leur tour des retraités. Un afflux de main d'oeuvre étrangère pourrait rendre moins drastique des mesures telles qu'on est en train de nous concocter (allongement durée de cotisation, baisse des pensions etc). Grâce à ces afflux l'on pourrait les amoindrir par lissage dans le temps ?

En gros, la question n'est pas de remettre en cause ces réformes, mais de plutôt utiliser l'immigration comme d'un moyen permettant de compenser un phénomène démographique qui en effet pose des problèmes niveau financement des retraites de toute une génération par le sacrifice d'une autre. Sans immigration le sacrifice est plus grand qu'avec immigration. Alors que vaut-il mieux ?

Antoine a dit…

@Jacques: merci pour vos encouragements.

@Anonyme: merci aussi.

Une petite partie du probleme des retraites va etre du a une natalité plus faible, l'essentiel va etre du a l'allongement vers le haut de la pyramide. Penser que le probleme de l'augmentation de l'esperance de vie va etre reglee par une augmentation de la taille des jeunes generations est donc inexact. Cela ne veut pas dire que des flux d'immigration ou une natalité plus forte n'aident pas a resoudre l'equilibre des regimes de retraite, mais cela ne permet pas de repondre au probleme de l'augmentation de l'esperance de vie. Un flux de main d'oeuvre etrangere aujourd'hui pourrait effectivement augmenter le nombre d'actif aujourd'hui mais il faudrait que ce flux soit croissant et infini sinon les mesures necessaires pour pouvoir payer les pensions devront etre encore plus drastique qu'aujourd'hui. Il n'y a pas de lissage possible: bien au contraire, plus on attend plus la dette implicite des regimes de retraite est grande et plus la correction sera brutale. Chaque generation espere que ce sera la suivante (ses enfants) qui paiera...

Anonyme a dit…

Une notion qu'il serait intéressante d'étudier, au moins pour l'écarter, serait de sortir du simple schéma répartition/capitalisation. De nombreux syndicats/partis de gauche/extrême-gauche affirment qu'il faut diversifier les sources de financement des retraites (par exemple en taxant les revenus financiers, etc).

Loin de moi l'idée de soutenir cette idée, mais proposer une analyse économique de ces arguments me semblerait intéressant. Pour l'un de vos 40 posts...

Antoine a dit…

@Julien: Je vais y réfléchir. 40 posts à remplir, il y a de quoi faire!
Par ailleurs, nous essayons à Ecopublix de ne pas écarter a priori aucune proposition, mais d'essayer de bien comprendre quelles sont leurs conséquences pour que nos lecteurs puissent se faire leur propre avis.

Anonyme a dit…

Bonjour, merci de la clarté de ce point sur les retraites.

Je me permets ici quelques remarques et questionnements à ce qui a été échangé:

Le thème de l'immigration: un changement que l'on constate par rapport à il y a 30 ans, c'est que l'immigration repart plus dans son pays d'origine que les générations précédentes, à l'âge de la retraite ou "fortune faite " selon les standards locaux.
Donc on a, pendant la présence dans le pays d'accueil: T-S.T (T= revenus et les cotisations qui vont avec et S.T= Epargne réalisée sur ces revenus et généralement envoyée dans le pays d'origine pour améliorer immédiatement la qualité de vie de la famille et de réaliser une accumulation permettant d'assurer la pérennité des revenus futurs, par ex commerce, immobilier, etc…
N'aurions nous pas là les contours d'une relation mutuellement profitable? L'immigré participe au financement des retraites pendant sa période active, en échange d'une amélioration importante de sa capacité d'épargne au regard des standards de son pays d'origine, puis retourne profiter de cette accumulation au moment de la retraite, contribuant à alléger le coût des pensions? C'est peut être un peu simplicité mais eu égard aux conditions d'ouverture d'une pension de plein droit, il est probable que de moins en moins d'immigré les remplirons, notamment du fait de la réduction de la durée de leur présence dans le pays hôte (je fais fortune et je repars ensuite). Bien évidemment ce phénomène ne peut subsister qu'aussi longtemps que le différentiel de niveau de vie entre pays en développement et pays développés justifie le "séjour". Quelques statistiques permettraient d'y voir plus clair.

Le taux de remplacement: Cher Petitsuix, vous présentez le taux de remplacement actuel comme étant à 78% du salaire de référence, mais peut être est il intéressant de se pencher sur la ventilation de ce chiffre, notamment entre les principales classes d'actifs cotisant à savoir cadres et non-cadres? Voici un aperçu (http://www.epargne-retraite-entreprises.bnpparibas.com/epargne_et_retraite/role_des_entreprises_popup1.html).
Cela permet de rebondir sur la remarque de Gu Si Fang au sujet de l'objectif de répartition, et de constater qu'il y a bien un transfert des riches vers les pauvres au travers de cette variation du taux de remplacement. Sans compter que le rendement des cotisations des cadres (majorées mais en échange de prévoyance) par rapport à celui des non cadres mériterait une sérieuse estimation, au sein du régime général d'un coté et en intégrant toutes les ouvertures de droit de l'autre (complémentaires notamment, enfin ça devrait être débroussaillé).
Cela nous amène au point suivant, l'espérance de vie.

L'espérance de vie: Les études montrent qu'en fonction des CSP l'espérance de vie n'est pas la même (d'ailleurs à ce sujet les fonctionnaires, partant plus tôt jusqu'à récemment ont la meilleur espérance de vie, à poste identique, donc l'incidence de l'age de départ en retraite sur l'espérance de vie n'est pas clairement tranché), les cadres vivent 7 ans de plus que les ouvriers (source INSEE je crois), eu égard au montant des pensions perçues, n'aurions nous pas un système où les pauvres (plus nombreux) cotisent partiellement pour les riches? Indépendamment du coût total moyen d'une pension de retraite sachant les espérances de vie relatives. Enfin, il est intéressant de constater que l'écart espérance de vie cadres/ouvriers est de 7 ans et que Mr Petitsuix montre le chiffre de 9 ans d'allongement de durée de cotisation pour être à l'équilibre, c'est l'une des pistes de réflexion avancée en 2003 mais qui n'a pas été suivie, sûrement par la difficulté de mise en place et la nécessaire actualisation de ces données.

Réaction au 1er commentaire de Petitsuix concernant les conditions de vie des pauvres il y a 30 ans et maintenant: Je partage ton analyse (euh oui on va se tutoyer si tu veux bien) mais attention tout de même à certains changements structurels et sociétaux, notamment la générosité du système médical. Plus je vieillis plus j'ai besoin de soins or avec les franchises, le désengagement de l'état, l'évolution des structures publiques et parapubliques, est ce que à la retraite, l'écrémage de ma pension et l'envolée des coûts médicaux restant à ma charge ne constituent par un axe de paupérisation qui me distingue de mes prédécesseurs? Evidemment nous n'intégrons pas la réduction de la solidarité intergénérationnelle ascendante ni du coup la réponse du secteur privé à l'accroissement des demandes de placements en maisons de retraite, de plus en plus des mouroirs à mesure que le montant de la pension décroît et pourtant représentant une part croissante de celle-ci (moins votre pension et élevée moins l'établissement est de qualité et, certainement, plus il représente une portion importante de votre pension).

Et enfin la Démographie: je crois que la promotion de la natalité, dont la retraite représente, je le pense aussi, surtout un argument marketing (soyez rationnels maintenant payez vous votre retraite en procréant… et payez lui des DVD). Le point clé de cette promotion nataliste est, je crois, que l'on achète des points de PIB futurs à pas cher (pour le coût de quelques aides familiales à la générosité totalement justifiable devant l'opinion). Plus la population est importante, plus elle produit en agrégé, du moins tant que la production totale d'un individu à l'autre (en terme de génération) pendant sa vie active ne décroît pas plus vite que la croissance de la population. On va certainement augmenter le taux de salariés (et sûrement aussi d'emplois) non qualifiés dans la population active totale, voir dans la contribution de la richesse créée par le travail salarié au PIB si rien ne vient corriger la faillite annoncée de notre système éducatif.
Autant pour moi le dernier commentaire est un peu hors sujet de la retraite.

Antoine a dit…

@mangon: Je vous répondrai complètement au cours des futurs posts. Aujourd'hui juste quelques précisions:

- sur l'immigration: lorsqu'un immigré vient travailler en France, cotise pendant sa période d'activité et décide de passer sa retraite dans son pays d'origine, on ne lui supprime pas sa retraite!! Le lieu de résidence des retraités ne change rien au fait qu'il faut payer leurs pensions!

- Sur les taux de remplacement et la question de la redistribution, je vais en parler dans de futurs posts. En un mot, le fait que le taux de remplacement est plus faible pour les plus riches que pour les plus pauvres ne veut pas dire qu'il y a redistribution, simplement parce les cotisations sont plafonnées. J'y reviendrai.

- Sur les autres dépenses aux âges élevés (en particulier les dépenses de santé et de dépendance): oui, il y a d'autres dépenses que les retraites qui vont augmenter avec le vieillissement. Et c'est pourquoi, il faudrait prendre en compte l'ensemble de ces dépenses dans nos choix collectifs pour faire face à ces changements démographiques.

- Sur votre dernière remarque, ce qu'il faut dire c'est que ce n'est pas tant le nombre d'actifs à la génération suivante qui compte pour l'équilibre des retraites que le nombre d'actif multiplié par leur productivité: investir dans l'éducation ou l'innovation est aussi (plus?) important que d'augmenter le nombre d'actifs.

Anonyme a dit…

Je reviens juste sur le cas de l'immigration, beaucoup de pays conditionnent le versement de la pension à la résidence principale sur le territoire nationale. Cela avait d'ailleurs fais grand bruit il y a quelques années lorsque l'Allemagne avait décidé de suspendre la mesure dérogatoire à cette loi concernant les juifs allemands qui ne souhaitaient pas prendre leur retraite en Allemagne et qui se retrouvaient majoritairement en Floride.
Le fait est que même sans ce mécanisme éprouvé, les cotisations des immigrés retournant au pays sont généralement loin d'atteindre le départ à taux plein, ce qui constitut de fait un gain.

Anonyme a dit…

Petisuix : si je me souviens bien, les immigrés devaient ou doivent passer au moins six mois en France pour toucher leur retraite.

Antoine a dit…

@Mathieu P.: Depuis le 1 juin 1998, il n'y a plus de condition de nationalité ni de résidence pour toucher sa pension de retraite.

Avant, il y avait effectivement une condition de résidence sauf pour les pays ayant signé un accord de sécurité sociale de réciprocité.

Antoine a dit…

@mangon et Mathieu P.: sur l'immigration et les retraites, il y a certainement de quoi écrire une these, mais en deux mots je ne crois vraiment pas que l'on puisse baser une politique des retraites sur l'expropriation des droits des immigrés a leur pension de retraite. D'un point de vue moral, c'est franchement douteux. D'un point de vue legal, cela me parait contestable (un Francais pouvait beneficier de sa retraite s'il partait prendre sa retraite au Maroc, mais un Marocain ayant travaille toute sa vie en France qui rentrait au pays ne le pouvait pas): ce genre de dispositions etaient de la pure discrimination. D'un point de vue economique, je ne suis pas sur que cela soit efficace: cela incitait les immigrés a rester pendant leur retraite sur le territoire national contre leurs preférences, les obligeant a maintenir un pied a terre couteux pour beneficier de ces pensions; cela incitait en outre les immigrés a considérer les cotisations retraite comme des impots sans contrepartie.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi. Ma remarque n'avait pas prétention à fonder une politique d'optimisation de la retraite basée sur le travail des immigrés. J'envisageais plus de considérer ce phénomène constaté comme une externalité positive des flux migratoires par ailleurs bien plus interessants à favoriser qu'une politique nataliste simple. Le fait est que de moins en moins d'immigrés consacre l'intégralité de leur vie active dans leur pays d'accueil (soit ils retournent dans leur pays soient font une nouvelle migration, intra régionale la plupart du temps, à l'exception notable des flux europe-canada). Cela a généralement pour conséquence de ne pas leur ouvrir de droits à la retraite dans le(s) pays d'accueil(eu égard à la faible période de cotisation). Ce qui ne les pénalisent pas au regard de leur stratégie d'accumulation, souvent à l'origine d'une nouvelle immigration dans un autre pays développé.
Comme il a été dit ici et ailleurs que nous avons tout interet à favoriser l'immigration (ce en quoi j'adhère), il en résulte néanmoins et involontairement une conséquence positive sur l'équilibre du régime des retraites (indépendamment du fait que les nouveaux immigrants contribuent au rajeunissement la population active, cf USA, UK, Italie, etc...). Je crois que ce phénomène, sans chercher à le favoriser, est à prendre en compte dans une modélisation des retraites prenant justement en compte le solde migratoire (parceque de plus en plus de français, souvent trés diplomés vont travailler à l'étranger une fois leur diplome en poche, sans le statut d'expatrié, donc sans participer au régime des retraites). Sur ce dernier point il y a surement d'interessantes études à mener, eu égard notamment au salaire moyen auquel peu prétendre un immigré et celui d'un emigré dans le cadre de leurs cotisations au régime de retraite d'un même pays. A moins qu'il n'y ait un mécanisme de "rachat" des cotisations versées dans d'autres pays par les actifs émigrant?

Anonyme a dit…

Sur l'immigration avec retour vers le pays d'origine:

Il est possible que cela soit une contribution favorable car les pays d'origine ont souvent une infrastructure médicale plus faible et donc l'espérance de vie y est elle aussi plus faible.
Au total, le taux de reversement serait donc plus faible pour les immigrés qui reviendraient dans leur pays, ce qui contribuerait positivement au solde de financement de retraites

Anonyme a dit…

"En moyenne, les Français cessent leur activité à 58 ans, s'ils cessaient en moyenne à 64 ans, il n'y a plus aucun problème de retraite à l'horizon 2040."

Cette phrase de votre commentaire soulève pas mal de questions.

Qui peut véritablement choisir de travailler jusqu'à 64 ans?

La hausse de la productivité n'a t'elle pas entrainé une hausse de l'usure au travail d'un grand nombre de salariés y compris de travaux non physiques. Beaucoup de personnes ont un besoin physique de s'arrêter.

N'oublions pas comment, par le passé, les ouvriers du Bâtiment mourraient souvent à l'âge de leur retraite à 65 ans, ou peu après.

Parallèlement, les entreprises ne veulent plus garder leurs salariés de plus de 55 ans (ne parlons pas de ceux de 60 ans) ?

Le poids de l'économie non déclarée est un point qui est lié au problème de la retraite. Il y a une perte importante pour les caisses de retraite et de santé.

Il faudrait dans le raisonnement (ou tout au moins dans les mesures pour régler le problème) faire entrer ces variables sans quoi cela restera un peu vain.

Et on peut facilement faire croire au gens que l'on a réglé le problème des retraites alors que tout reste à faire du point de vue des changements de mentalité, de la solidarité, de la justice sociale et de la transparence.

Attention, cela n'est pas un procès d'intention ! Le seul fait qu'il y ait 1/40 dans le titre fait que je ne doute pas que tous ces points seront abordés dans les prochains épisodes !

Anonyme a dit…

J'ai une question : quand vous dites
"15 points de cotisations en plus", qu'est ce que cela signifie exactement ? 15% du salaire net en moins pour tous les salariés ? ou est ce un peu plus compliqué ?

Antoine a dit…

@Denis: Sur l'âge moyen de 64 ans à l'horizon 2040 plusieurs remarques à la suite de vos question: D'abord lorsqu'on parle de l'horizon 2040, il faut penser aux générations nées après 1976. Celles-ci n'ont pas (n'auront pas) les mêmes carrières que les générations qui ont aujourd'hui 64 ans. Les quelques évidences dont nous disposons aujourd'hui laissent à penser qu'il y a beaucoup moins de métiers physiquement usant que par le passé et beaucoup plus qui reposent sur l'expérience des salariés. En même temps, les nouvelles industries (services etc) sont beaucoup plus exigeantes en terme vis-à-vis des salariés en terme d'adaptation, d'apprentissage de nouvelles méthodes/techniques qui peuvent devenir des obstacles à l'emploi des seniors. Mais l'expérience réussie de nos voisins européens nordiques pour permettre le maintien dans l'emploi des seniors laisse entendre que ce choix (si c'est le choix des Français) est possible. Mais vous avez parfaitement raison de souligner que modifier les systèmes de retraite n'est pas en soi suffisant pour permettre un maintien dans l'emploi des seniors, c'est juste nécessaire.

15 points de cotisation en plus: il s'agit de points de cotisation en fonction du salaire brut (et non du net), donc cela ne signifie pas une baisse de 15 % du salaire net. C'est en fait assez compliqué à traduire. Je vous donne un exemple : actuellement l'ensemble des cotisations correspond à 60 points du salaire brut, on ajoute 15 points, cela passe à 75 points du brut. La baisse du salaire net est donc de 37,5 % (15/(1-60)). Ou pour le dire autrement, le total des cotisations qui sont aujourd'hui de 72,95 % du salaire net (au niveau du plafond de la sécurité sociale) passerait à 109,3%.

Anonyme a dit…

@Gilles sur les 15 points.

En fait tout dépendrait de la façon dont ces 15 points seraient répartis entre cotisations salarié et employeur.

S'ils étaient supportés en totalité par le salarié, le salaire net baisserait de 19,1% =(1-21,46%-15%)/(1-21,46%)-1 soit de 0,7% par an en moyenne sur 30 ans ; 21,46% étant le taux de cotisations salariales non-cadre sous le plafond de la Sécu. Pour l'employeur, le coût total (brut + cotisations patronales) serait inchangé.

S'ils étaient supportés en totalité par l'employeur, le salaire net serait inchangé, mais le coût total pour l'employeur aurait progressé de 10,6% (1+40,34%+15%)/(1+40,34%) ; 40,34% étant le taux de cotisations patronales correspondant. Sur 30 ans, cela représente une augmentation moyenne de 0,34% par an du coût du travail.

Entre ces deux extrêmes, toutes les possibilités sont envisageables ; actuellement, les cotisations retraites sont réparties à 40% pour le salarié et 60% pour l'employeur, la tendance étant de répartir les augmentations de cotisations à 50/50.

Antoine a dit…

@floc: Vous voulez repondre a Denis je suppose?

On peut répartir les augmentations de cotisations de facon legale entre employeurs et salariés mais nous avons expliqué ici et la qu'a long terme ce sont toujours les salariés qui finissent par payer les cotisations sociales, y compris les cotisations employeurs.

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